Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1784, tome 5.djvu/399

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

velles, qui s’élancent des racines. Si cet arbre étoit indigène à ces provinces, la nature lui auroit donné une texture comme aux chênes, aux sapins, aux cerisiers, &ç., qui sont les arbres du pays. Le grenadier nain est originaire des Antilles, & se conserve en Europe par le secours des châssis ou des serres chaudes. Cet arbre offre une apparence de paradoxe, difficile à répondre. En espalier, il passe assez bien les hivers dans les environs de Paris, sans être altéré ; & pour peu que le froid soit rigoureux, ces espaliers sont détruits dans les environs de Lyon. Il en est ainsi en Angleterre, en Bretagne, & dans cette province on trouve plusieurs plantes & arbustes de nos pays méridionaux, (l’arbousier, par exemple) quoique la Bretagne soit très au nord, relativement aux bords de la Méditerrannée. L’on sait que les rigueurs du froid sont moins âpres & moins destructives dans les îles. Seroit-ce donc à cause de sa position de presqu’île, que les grenadiers n’y périssent pas ?

Grenadier à Fruit Acide. Fleur en rose, à cinq pétales obronds, droits, ouverts, insérés dans un calice charnu, divisé en cinq découpures aiguës ; il est coloré.

Fruit, espèce de pomme presque ronde, nommée grenade, formée par le renflement du calice & couronnée à son sommet par les échancrures de ce même calice, recouverte à l’extérieur d’une enveloppe dure & coriace, lors de sa maturité ; intérieurement divisée en neuf loges, dont les cloisons membraneuses partent du réceptacle & renferment des semences entourées d’une pulpe succulents, ordinairement rougeâtre & blanche dans une variété ; elle est naturellement acide.

Feuilles, portées par des pétioles, entières, oblongues, quelquefois sinuées, jamais dentelées, toujours lisses & luisantes, quelquefois avec nervures rouges, lorsqu’elles ont éprouvé un peu de froid.

Racine, jaune, ligneuse, très-fibreuse.

Port ; grand arbrisseau, qu’on peut élever en espalier ou en arbre ; l’écorce est rougeâtre dans les jeunes pousses ; sur les vieux pieds, l’écorce gerce comme celle de la vigne, mais moins ; les tiges épineuses ; les fleurs sans pédoncules ; les feuilles opposées, quelquefois rassemblées ou éparses. Telle est la première espèce naturelle, d’où dérivent les variétés suivantes.

1°. Grenadier à fruit doux & acide en même temps.

2°. Grenadier à fruit doux. Cette variété, qui se soutient par les boutures & les drageons, & non par les semis, est un perfectionnement des deux autres.

À force de multiplier les engrais, les soins & les labours au pied de ces grenadiers, on est parvenu, pour se servir de l’expression de von-Linné, de les faire luxurier, c’est-à-dire, de métamorphoser les étamines & les pistils en pétales, d’où il est résulté :

3°. Le grenadier à fleur semi-double.

4°. Le grenadier à fleur complettement double.

5° Le grenadier à feuilles panachées & à fleurs panachées.

6°. Enfin, le grenadier à très-grande fleur, ou double ou simple.

Grenadier nain. C’est le punica