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1°. La grêle qui se trouve sur le sommet des montagnes, est plus petite que celle qui se rencontre dans les vallées. Au rapport de M. Scheuzer, du célèbre Beccaria, de M. Fromond & de plusieurs voyageurs, quand le glaçon atteint le sommet des montagnes, il ne fait que de naître encore, il est très-petit. Plus il descend dans les vallées, plus il se refroidit, plus, par conséquent, il se dilate ; le froid, augmentant d’intensité, raréfie la glace. De plus, le glaçon parcourant l’atmosphère, s’attache toutes les molécules aqueuses qu’il rencontre, les entraîne en les glaçant autour de lui. Souvent aussi cet accroissement est sensible par une espèce de farine blanchâtre, dont sa surface est saupoudrée : mais si la grêle traverse la pluie ou tombe avec elle, elle se lave, & paroît nette sans cette poussière glacée.

2°. Le centre de la grêle renferme presque toujours une espèce de noyau opaque & blanchâtre, entouré d’une croûte assez transparente. Tant que l’évaporation électrique dure, l’air que l’eau tenoit en dissolution s’échappe avec les petites molécules aqueuses, & ne s’oppose point par conséquent à la transparence de la glace ; mais, dès que la croûte glacée est formée, l’air ne pouvant plus s’échapper, reste au centre de la goutte interposée entre les molécules d’eau : enclavé dans ses interstices, il détruit sa transparence. Ajoutez que le noyau n’étant jamais aussi dur, la glace est bien moins homogène. Tout Physicien fait que plus la glace est pure, moins elle contient d’air, plus elle est transparente. Il peut se faire que quelquefois le noyau intérieur sera très-dur, si l’intensité du froid produit par la seconde évaporation a été très-forte, c’est-à-dire, si la grêle tombe de très-haut.

3°. La grêle, après sa chute, est électrique. l’évaporation électrique ayant été suspendue, la surabondance du fluide électrique n’a pu se perdre ; on doit donc encore retrouver cet excès après sa chute.

4°. Il grêle quelquefois sans tonnerre. Il faut peut-être ajouter, sans tonnerre sensible. Il peut très-bien se faire qu’il y ait eu du tonnerre sans que nous l’ayons entendu ou remarqué : mais si le bouleversement peut se produire dans le nuage par une étincelle qui occasionne le même effet avec une détonation foible, comme par des aigrettes qui attirent & repoussent les molécules d’eau comme les aigrettes d’un conducteur attirent & repoussent les petites feuilles de métal, nous aurons de la grêle ; dans ce cas, les grains en seront petits. Cet effet semble avoir lieu, sur-tout dans les giboulées de mars, où la grêle qui tombe est très-menue, & que l’on désigne par, la nom de grésil. Au reste, jamais les glaçons ne sont si gros qu’immédiatement après de violens coups de tonnerre, que dans les orages affreux, comme nous l’apprennent toutes les observations faites à cet égard. Je ne citerai ici que deux observations que l’on peut voir dans l’Histoire de l’Académie des Sciences, années 1703 & 1753, où il est dit que, près d’Iliers, dans le Perche, il tomba une quantité de grêle prodigieuse, dont les plus petits grains étoient gros comme les deux pouces, les moyens, comme des œufs de poule, & les plus gros, comme le poing, & pesoient cinq quarterons. Dans l’orage de 1753,