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greffoir, on fait ensuite sur l’écorce de la branche à greffer, une incision en manière de T (voyez Fig. 14, A) ; avec la partie inférieure du greffoir on soulève doucement les deux parties de l’écorce coupée depuis D jusqu’en A, sur une largeur proportionnée à la moitié du diamètre de l’écusson, & l’on tient ces deux parties soulevées & écartées, jusqu’à ce qu’on ait placé l’écusson. Comme les deux mains sont occupées pendant le cours de cette opération, on tient avec l’extrémité de ses lèvres l’écusson ; ensuite, lorsque le soulèvement de l’écorce est fait & maintenu tel avec la base du greffoir tenu avec la main gauche, on prend, de la droite, l’écusson, & on l’insinue dans l’ouverture, & il est placé ainsi qu’on le voit en B (Fig. 14). On observe avec soin que l’écorce de la partie supérieure de cet écusson corresponde & joigne en tous points l’écorce coupée de la partie transversale du T (Figure 14 D), après avoir insinué le reste sous les deux parties de l’écorce soulevée, qui forment alors deux angles. L’écusson, une fois bien placé, enfoncé & collé contre le bois, vous ramenez les deux angles de l’écorce sur l’écusson, mais sans couvrir l’œil.

On doit avoir par avance préparé de petites ligatures, soit en laine, soit en coton, (ce sont les meilleures, parce qu’elles ont la facilité de prêter & de s’étendre) soit en chanvre, écorce, brindilles d’osier, de saule, &c. ; le moment de les employer est venu. Prenez ce lien par le milieu, placez-le derrière la partie de la greffe, ramenez le sur le devant, & recouvrez la ligne transversale du T ; ramenez-le sur le derrière, puis sur le devant, & ainsi de suite, jusqu’à ce que toute la greffe en soit recouverte, sans cependant cacher l’œil. Nouez ensuite par derrière, & l’opération est finie.

La plupart des pépiniéristes suppriment l’excédent de la branche après l’avoir greffée. Ne vaut-il pas mieux le couper auparavant, après avoir examiné & choisi l’emplacement où l’on veut greffer ? Souvent cet excédent de branche embarrasse, & plus souvent encore la secousse que l’on donne à la branche en la retranchant, puisque l’on est obligé de placer la main trop bas, peut occasionner le dérangement de l’écusson ; il faut aller au plus sûr.

On est quelquefois surpris du peu de réussite de plusieurs greffes, quoique l’opération ait été bien faite. Une légère attention auroit prévenu ce contre-temps. Après avoir détaché l’écusson de dessus le bois, c’est le cas d’examiner si son œil est vide ou plein ; c’est-à-dire, si la partie intérieure & qui constitue essentiellement la greffe, n’est pas restée adhérente au bois. Dans ce cas l’écusson est à rejeter, & sur mille il n’en réussira pas un. Le moyen le plus sûr de parer à cet inconvénient, est, lorsque l’on lève l’écusson, de laisser un peu de bois sous l’œil. L’habitude facilite cette pratique.

Il y a deux manières de greffer en écusson, ou à la pousse, ou à œil dormant.

I. La greffe en écusson à la pousse ne diffère en rien quant au mécanisme de l’opération qui vient d’être décrite ; la saison seule a fixé sa dé-