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servois que l’écorce de la tige de l’arbre & celle du rameau se touchassent de toutes parts, après quoi j’enduisais cet endroit avec l’onguent de Saint-Fiacre. Le rameau étant toujours de la pousse précédente, je lui laissois trois ou quatre yeux. Cette façon de greffer a lieu à la fin de février ou au commencement de mars, comme la greffe en fente, à qui elle est bien supérieure, quand elle réussit ».

Voici encore une autre méthode du même auteur, analogue à la précédente ; c’est lui qui va parler. « Avec un ciseau plat, fort mince & d’un quart de pouce de largeur, j’ai fait, tout près de l’écorce de la tige, une entaille profonde d’un demi-pouce ; ensuite, d’après son épaisseur, j’ai aplati, dessus & dessous, en forme de spatule, l’extrémité inférieure du rameau, & je l’ai enfoncé jusqu’à la profondeur de l’entaille faite à la tige. J’ai observé pareillement que les écorces se rapprochassent exactement, sans négliger le cataplasme ordinaire ».

On peut mettre au rang des greffes par juxta-position proprement dites, celle que M. Cabanis appelle par inoculation, & qu’il décrit ainsi : « Cette greffe ne se pratique que sur les arbres & arbustes dont les boutons sont gros, comme le marronnier d’Inde, la vigne, le cassis, &c. Elle consiste à détacher en même temps un bouton sauvageon & un bouton de bonne espèce, d’égale grosseur de leurs bourses ou valvules, & de substituer celui-ci à l’autre. On enduit le contour des points d’union d’un mélange de cire & de térébenthine, pour contenir le bouton transposé dans sa nouvelle loge, & empêcher l’eau d’y pénétrer. Ces bourgeons inoculés reprennent assez facilement. Cette greffe ne se fait qu’à la première sève. On peut s’en servir pour transposer des boutons à fruits de certaines espèces de poiriers qui les ont fort gros ; mais on ne fait jamais par-là que des entes de curiosité, & jamais des entes de durée. »


Section IV.

Des Greffes en écusson.


On appelle écusson, (Figure 13,) un morceau d’écorce de douze à quinze lignes de longueur sur trois à quatre de largeur, garnie d’un bon œil dans son milieu. Cet écusson est pris & détaché sur une branche de l’année précédente & découpé en écusson, ainsi qu’on le voit (Fig. 13.) ou en triangle alongé, (Figure 16.) C’est de la première forme, qui ressemble à un écusson d’armoire, que ce morceau d’écorce a pris son nom & qu’il a été consacré à ce genre de greffe.

Pour enlever l’écusson de dessus la branche, on fend l’écorce de celle-ci tout autour de l’œil, en observant de lui donner la forme de la Figure 13 ou de la Figure 16. Après cette première opération, il faut enlever l’écusson sans le meurtrir ni sans endommager l’œil. Pour cet effet, on presse, avec le pouce de la main droite, l’œil de l’écusson contre le bois, & on tourne lestement la main gauche qui tient la branche, comme si on vouloit la tordre. Alors l’écusson se détache, parce que l’arbre étant en sève, l’écorce ne sauroit y être collée, & l’écusson cède facilement à l’impulsion qu’on lui donne.

Avec le tranchant de la lame du