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quefois d’une manière presqu’insensible, ce qui fait distinguer la goutte sereine en parfaite & en imparfaite.

Outre qu’en examinant les yeux de l’animal au grand jour, on observe le même degré de dilatation dans la pupille, on peut s’apercevoir encore de cette maladie lorsqu’il marche, & à la manière dont il place les oreilles ; il lève les pieds très-haut, soit au pas, soit au trot ; les oreilles, l’une en avant, l’autre en arrière alternativement, & souvent toutes les deux en avant.

À l’égard des topiques ophtalmiques tant vantés, j’ose avancer qu’ils sont tous inutiles, & que la maladie est incurable. M. T.


Goutte, Pharmacie. On entend par ce mot, un remède fluide & violent qu’on ne doit donner qu’à très-petite dose, &, pour ainsi dire, en compter les gouttes. Telle a été jadis l’eau de Rabel ; les gouttes connues en France, sous le nom du Maréchal de la Motte, qui, malgré leur très-longue & pénible préparation, ne sont autre chose qu’un Ether imparfait, (voyez ce mot) & que l’usage de ce dernier a fait oublier entièrement. Les gouttes connues sous le nom d’Angleterre ou gouttes anodines, sont encore souvent employées. En voici la préparation… : écorce de sassafras & de racine d’asarum ou cabaret, (voyez ce mot) de chacune une once… ; sel volatif de corne de cerf rectifié, un gros… ; bois d’aloès, demi-once… ; opium, trois gros… ; esprit de vin, une livre.

Mettez toutes ces substances digérer à froid, dans un matras pendant 30 à 40 jours, ou au bain de sable pendant cinq ou six jours : passez le tout au tamis.

On s’en sert avec avantage dans les apoplexies séreuses, dans les accès convulsifs & dans les affections histériques pendant l’accès.


GOUTTIÈRE des arbres. (Voyez Abreuvoir, Gélivure, & ce qui sera dit à l’article Mûrier).


GRADIN, terme de Jardinier. Bancs en bois ou tablettes en plâtre, élevés les uns sur les autres à la hauteur de 4 à six pouces, & disposés sur un plan incliné, très-doux, comme les marches d’un escalier ; cet ensemble est nommé amphithéâtre, & il sert à placer les vases d’œillets, de renoncules, d’oreilles d’ours, ou telles autres fleurs que l’on rassemble en masse, afin d’augmenter la beauté & la richesse du coup d’œil. En effet, rien n’est plus frappant que les gradins chargés d’oreilles d’ours, de reines marguerites, dont on a bien nuancé les couleurs. La durée des fleurs est passagère, & la jouissance qu’elles procurent est de courte durée ; l’amateur qui a travaillé pendant une année entière, cherche à prolonger ses plaisirs, c’est pourquoi il élève un toit sur ses gradins, & garnit les trois côtés avec des toiles, ou les deux côtés seulement si la charpente est appuyée contre un mur ; alors, à l’abri du soleil & de la pluie sur-tout, qui détruit une fleur du soir au matin, l’existence des fleurs est prolongée de plusieurs jours. On ne doit pas différer beaucoup à sortir les vases de dessous le hangar. Comme les plantes jouissent très-peu des bienfaits de l’air,