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genoux étoìent gonflés alternativement, & jouissoient à peine d’un mouvement sensible. Nous apprîmes que cet animal étoit attaqué de cette maladie depuis dix-huit mois, & qu’il y avoit des temps où il souffroit moins, & qu’il paroissoit mouvoir l’articulation avec moins de peine. Nous nous étions proposé d’appliquer les vésicatoires sur les deux parties affectées, si le propriétaire n’eût préféré de le faire égorger pour en vendre la chair.

Il nous est impossible de déterminer un traitement fondé sur l’observation, puisque nous n’avons jamais été à portée de combattre cette maladie. Mais à juger par analogie & par les effets des remèdes sur l’homme attaqué de la goutte, il nous paroît que la saignée doit être proscrite. N’auroit-on rien à craindre de cette pratique ? ne seroit-elle pas capable de causer des métastases fâcheuses, de déranger l’effort de la nature, & de l’affoiblir ? Les purgatifs ne doivent pas non-plus être donnés sans nécessité ; il est seulement permis d’entretenir la liberté du ventre par des lavemens. Les répercussifs, appliqués à titre de topiques, doivent être également bannis, par les métastases funestes auxquelles ils pourroient donner lieu ; on ne risqueroit rien néanmoins de se servir de fleur de sureau ou de camomille & de la mie de pain bouillie dans le lait ; ce remède pourroit soulager l’animal. Le feu ou cautère actuel n’auroit aucun succès, la cautérisation ne devant être employée que pour les douleurs fixées depuis un certain temps, lorsqu’elles sont errantes comme dans la goutte, le feu ne feroit que les déplacer. « L’usage du moxa, dit M. Pouteau, avoit été introduit en Angleterre pour la guérison de la goutte. On fut bientôt désabusé de ce remède ; la goutte quittoit l’articulation cautérisée, & alloit se jeter sur une autre. Lorsqu’on employa ce remède, on ne consulta pas assez la nature de la goutte, & la manière d’agir du remède. » Les eaux thermales employées en douches & en bains, méritent d’être recommandés de même que le bain de marc des raisins, qui est un des meilleurs fortifians qu’on puisse employer en pareil cas. On a vu encore sur l’homme de très-bons effets de l’application de l’esprit de sel avec l’huile de térébenthine ? Ne seroit-on pas bien de les tenter sur les animaux ? De tous les quadrupèdes, l’âne est le plus sujet à la goutte. M. T.


Goutte sereine, Médecine vétérinaire. C’est une affection des yeux de l’animal, dans laquelle la vue est totalement perdue, quoique ces organes paroissent beaux extérieurement & sans aucune tache ; la prunelle ou pupille est seulement un peu plus dilatée que dans l’état naturel.

On est fondé à croire que cette maladie qui a plusieurs degrés, dépend de la compression & de la paralysie des nerfs optiques. Les observations anatomiques dans les animaux attaqués de ce mal, ont montré dans le cerveau des vaisseaux engorgés, des épanchemens séreux & sanguins, le dessèchement & la pourriture des nerfs optiques, des abcès comprimans ces cordons, des tumeurs lymphatiques, des excroissances charnues, &c.

L’aveuglement de l’animal arrive quelquefois tout d’un coup, & quel-