Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1784, tome 5.djvu/337

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

souvent le présage, parce qu’elle ne se montre guère sans qu’il y ait de l’eau répandue entre cuir & chair, ou dans l’intérieur du corps.

L’humeur contenue dans le goître est ordinairement une eau claire : cette eau se change aussi en matière purulente qui, venant à refluer dans la masse du sang, emporte une bête en deux heures. Le corps s’enfle après sa mort : cet accident se nomme danger. Il arrive aussi que la liqueur, demeurant limpide, il s’y engendre de petits vers venimeux. Ces insectes croissent & se fortifient : parvenus à leur grosseur, ils nagent dans l’eau, où ils lâchent une partie de leur venin. L’eau, une fois infectée par ce poison, communique sa malignité au reste du corps.

Le goître n’a pas de durée fixe : il y a des bourses passagères qui paroissent le jour, & qui se dissipent la nuit. L’espèce la plus dangereuse donne la mort deux ou trois jours après qu’elle a commencé : un mouton, qui est sain d’ailleurs, gardera la bourse jusqu’à trois mois. Ces différentes situations dépendent en grande partie des vapeurs de l’atmosphère & de l’établement des hivers ; la malignité se reconnoît à l’inflammation.

On guérit le goître simple, en procurant l’écoulement de l’eau par une incision. Vous empêcherez l’ouverture de se fermer avant que le liquide soit entièrement épanché : vous passez un peu de laine ou de coton, afin que le reste de l’humidité suinte & s’imbibe entre les filets du flocon. Quand la poche se remplit après avoir été vidée plusieurs fois, l’hydropisie suit de près : le mal est incurable, il faut tuer l’animal.

Si la bourse contient une matière âcre & purulente, mêlée de vermisseaux ; ce qu’on soupçonne par l’inflammation, vous ouvrez la poche par une large incision, en prenant garde, par-dessus tout, que la pointe de l’instrument touche aux vers, parce que les insectes blessés infecteroient la plaie aussi subitement que le poison le plus subtil. Le pus évacué, nettoyez l’intérieur de la bourse avec un demi-septier de vinaigre & une once de sain-doux, ou avec de l’urine seule. Vous insérez dans l’ouverture un petit tampon de coton ou de laine, que vous laissez subsister pendant quelques heures, pour entretenir l’épanchement : vous rouvrez l’incision, & vous lavez avec l’eau fraîche.


GOMME. Les chimistes définissent cette substance en l’appelant un suc végétal mucilagineux, qui suinte à travers l’écorce de certains arbres, soit naturellement, soit par incision, & qui s’endurcit ensuite & devient concret par l’évaporation de la plus grande partie de son eau surabondante.

La gomme observée attentivement & analysée, offre un corps mucilagineux, dissoluble dans l’eau, susceptible d’une espèce de fermentation vineuse, & d’une vraie fermentation vineuse, pour peu qu’on y ajoute une portion sucrée. La gomme, en sa qualité de mucilage, est nourrissante, & les arabes, pendant la traversée des déserts, font un grand usage de l’espèce de gomme nommée arabique. Les gommes en général ne sont pas pures. Il y a beaucoup de gommes-résines ; celles-ci sont en partie solubles dans l’eau,