Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1784, tome 5.djvu/336

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’autres personnes la tumeur est sarcomateuse, c’est-à-dire, charnue, sans être trop dure ni trop compacte.

D’après ces différens caractères, il est aisé de voir que les indications curatives doivent varier. Si l’on juge que la tumeur est enkistée, il ne faut pas se hâter d’en faire l’ouverture ; il vaut mieux tenter plutôt la dissolution de l’humeur par des applications émollientes & maturations ; après quoi on pourra en faire l’ouverture à la partie la plus déclive, pour obtenir le dégorgement de l’humeur contenue ; la guérison sera alors très-possible : les parois du kiste peuvent se rapprocher & se réunir d’une manière très-solide.

Le goître ne paroît différer des écrouelles que par le siège qu’il occupe. La méthode curative doit être à peu près la même. S’il est dur, sans aucune fluctuation, il faut avoir recours aux remèdes intérieurs que nous avons indiqués au mot Écrouelles, & appliquer pardessus L’Emplâtre de ciguë, ou de diabotanum, ou de vigo cum mercurio.

M. Andry recommande l’usage continué du sel d’epsom dissous dans une certaine quantité d’eau. Cette eau minérale artificielle est un furet qui pénètre dans les plus profonds replis du mésentère, & dissout les matières gluantes & visqueuses qui en obstruent les glandes. La terre foliée de tartre, la magnésie blanche, les amers, remplissent les mêmes indications.

Ces remèdes pris intérieurement, ne détruisent jamais le goître, surtout s’il est très-gros & très-difforme. On est alors forcé de l’extirper ; mais on ne doit jamais faire cette opération qu’autant que la tumeur est mobile. Il est dangereux de vouloir extirper les goîtres trop adhérens ; on risque alors de couper les veines, les artères du col, & de causer la mort au malade, ou de rendre au moins sa tumeur plus considérable & plus difficile à résoudre.

Kerkringius rapporte une observation d’une jeune personne qui fut suffoquée par le goître. Heister assure que l’application des caustiques, du feu même substitué à l’opération, est quelquefois suivie d’un heureux succès, & qu’il n’y a aucun risque de l’employer lorsque le goître n’est pas trop invétéré, & qu’il n’adhère pas trop fortement aux grosses veines du col.

Lieutaud assure que le bédégar, qui est une espèce d’éponge qui végète sur les branches du rosier sauvage, est un médicament très-propre à arrêter le progrès du goître, lorsqu’il est pris intérieurement. On s’en sert de deux manières, ou en poudre, ou en infusion. La dose, lorsqu’on la prend en poudre, est depuis un scrupule jusqu’à un gros, ou le double en infusion. M. AM.

GOÎTRE, Médecine vétérinaire. Maladie des moutons, nommée goître, la bourse ou la ganache, la game ou la gamure. Cette maladie, dit M. l’abbé Carlier, dans son Traité des bêtes à laine, se déclare à côté ou sous la mâchoire par une poche remplie d’eau, grosse comme un œuf de pigeon, un œuf de poule, & quelquefois comme le poing. Elle prend naissance pendant l’hiver, & paroît au premier temps doux, ainsi que l’hydropisie dont elle est fort