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d’humidité : elle se déposera sur tous les corps qu’elle rencontrera ; toute celle qui s’attachera aux vitres, trouvant un corps froid, & d’autant plus froid que l’air extérieur le sera davantage, elle s’y congèlera subitement. Aussi remarque-t-on que dans un appartement sec, qui n’est point habité dans l’hiver, ne se trouve point de givre sur les fenêtres.

En général, le givre ne fait pas de grands maux aux plantes & aux arbres, à moins que le temps humide ne dure depuis long-temps, & que l’humidité n’ait pénétré l’épiderme & même l’écorce ; alors il fait des ravages, parce que cette humidité se convertissant en glaçons, soulève, écarte & déchire les petites cellules où elle étoit renfermée. (Voyez Froid, Gelée). M. M.


GLACE, Physique. État solide sous lequel l’eau est réduite par le froid. L’eau a un degré de chaleur égale ordinairement, ou du moins approchant de celui de l’atmosphère ; si ce degré descend au dessous du terme de la congélation, l’eau, de fluide qu’elle étoit, passe à l’état concret & solide, & devient de la glace. Ce poste de l’eau offre des phénomènes aussi curieux que difficiles à expliquer. On peut les observer facilement en exposant à l’air des vases de verre pleins d’eau pure. S’il gèle foiblement, on verra d’abord se former une pellicule de glace très-mince sur la surface de l’eau qui est exposée immédiatement à l’action de l’air froid ; ensuite des filets de glace sembleront partir des parois du vase avec différens degrés d’inclinaison, & faisant entr’eux des angles aigus ou obtus ; d’autres filets se formeront & croiseront les premiers, de nouveaux se mêleront avec ceux-ci ; tous ces filets de glace s’élargiront insensiblement en forme de lame, acquerront ainsi de la largeur & de la grosseur, & finiront par remplir toute la capacité du vase. Le froid augmentant, cette masse spongieuse se resserre, se condense & forme à la fin un morceau de glace solide, de la forme du vase qui renfermoit l’eau. Si le froid est très-vif, la congélation se fait plus vite, mais plus confusément. Plus la glace s’est formée lentement, plus aussi elle est nette & transparente, parce que l’air a eu le temps de s’en dégager, & qu’il n’y reste que très-peu de bulles ; le contraire arrive lorsque l’eau est surprise tout d’un coup par le froid ; elle devient alors raboteuse & chargée de petits monticules produits par l’air qui cherche à s’échapper, & qui a été enchaîné par la surface de l’eau qui s’est convertie en glace la première.

Après son passage à l’état de glace, l’eau se dilate, acquiert plus de volume ; c’est pour cette raison que la glace est plus légère qu’un pareil volume d’eau, qu’elle surnage ; que les glaçons flottent sur les rivières & les eaux où ils se sont formés ; & que l’eau brise & fait éclater souvent les vases où elle est renfermée au moment de sa congélation. Quelques physiciens ont fait des expériences curieuses à ce sujet. M. Buot, répétant l’expérience de M. Huygens, renferma de l’eau dans un canon de fer épais d’un doigt, le ferma bien, & l’exposa à une forte gelée : le canon creva en deux endroits au bout de douze heures.