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fort aromatique. Ce fruit tombe de lui-même l’année suivante. Quoique sa qualité aromatique soit foible, il est fort estimé & sert à la plantation, car étant semé il germe, & dans l’espace de 8 à 9 ans, il devient un arbre fructifiant.

Récolte des clous de girofle. On cueille, savoir, le calice des fleurs, & les embryons des fruits, avant que les fleurs épanouissent, depuis le mois d’octobre jusqu’au mois de février ; on les cueille en partie avec les mains, & en partie on les fait tomber avec de longs roseaux ou avec des verges. On les reçoit sur des linges que l’on étend sous les arbres, ou bien on les laisse tomber sur terre après en avoir sévèrement coupé toute l’herbe. Lorsque ces fruits sont nouvellement cueillis, ils sont roux & légèrement noirâtres ; mais ils deviennent noirs en se séchant & par la fumée ; car on les expose pendant quelques jours à la fumée sur des claies. Enfin, on les fait bien sécher au soleil, & dans cet état les hollandois les vendent à toute la terre.

Propriétés médicales. Les clous de girofle échauffent beaucoup, causent une grande soif, raniment puissamment les forces vitales, & constipent, augmentent peu la transpiration insensible & l’expectoration des matières muqueuses. Ils sont indiqués dans les maladies de foiblesse par sérosités, particulièrement dans les maladies soporeuses qui en proviennent, dans le dégoût & le vomissement, par les humeurs pituiteuses. Ils passent pour le correctif des feuilles de séné, ce qui n’est pas prouvé.

L’huile essentielle de girofle mise sur la carie d’une dent, en calme pour un instant la douleur, elle enflamme la bouche, y cause des excoriations considérables en onction mêlée avec quatre ou six parties d’axonge de porc, elle peut augmenter la sensibilité & le mouvement des membres dans les maladies de foiblesse par sérosités.


GIROFLÉE, GIROFLIER, nommé VIOLIER dans quelques provinces ; fleur de parterre. La dénomination de giroflée est prise de l’odeur de girofle qu’ont les fleurs des plantes de cette espèce.

Les botanistes resserrent beaucoup le nombre des espèces jardinières, & les fleuristes, au contraire, l’étendent beaucoup trop, puisqu’une nuance plus ou moins foncée d’une fleur, des panaches, des marbrures, &c. constituent à leurs yeux autant d’espèces. Si ces marbrures étoient constantes, & se perpétuoient d’année en année ainsi que la couleur de la fleur, ils pourroient les regarder véritablement comme des espèces jardinières ; (voyez ce mot) mais les couleurs, varient & changent souvent d’une année à l’autre sur le même pied… Sans entrer dans les détails trop minutieux des fleuristes, je vais diviser ces nombreux individus en trois ordres, les girofliers ou violiers jaunes… les girofliers ou violiers vivaces, à fleurs rouges, violettes, blanches, d’une couleur ou panachées ; les girofliers annuels d’une seule couleur ou panachées.

Des Girofliers jaunes.

Giroflier ou violier jaune simple. M. Tournefort le place dans la qua-