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saire à la germination que l’air, & sans elle il n’y auroit point de nourriture : au contraire, avec elle seule & l’air, les plantes peuvent vivre, porter des feuilles & des fleurs. (Voyez Air, Eau & Végétation).

Suivons le développement d’une graine dans la terre, & par cet exemple nous pourrons facilement juger de toutes les autres, car il paroît que c’est absolument le même mécanisme dans toutes. La féve nous offrira ce développement assez en grand pour que l’œil seul puisse le suivre sans avoir besoin du secours de la loupe. Afin de bien suivre, jour par jour, tous les changemens que la féve éprouve dans la terre, il faut en semer au moins une trentaine dans la même terre, & à la même profondeur, afin que tout soit égal autant que cela se pourra ; ensuite, chaque jour, en déterrer une & l’examiner.

Après vingt-quatre heures ou un jour entier, la graine de féve paroît enflée ; l’épiderme n’offre plus de rides, & l’ouverture par laquelle doit passer la radicule s’élargit un peu, & laisse appercevoir quelques utricules que l’humidité de la terre a dilatées. L’écorce de la féve est molle, & la partie qui environne l’ouverture de la radicule, qui est ordinairement noire, devient violette : si on enlève cette écorce, on remarque au milieu des deux lobes la plantule qui a un petit goût sucré. On distingue facilement les deux lobes AA (Fig. 1 de la Planche du mot Glandes) & le rudiment de la tige B. Si l’on sépare les deux lobes, on apercevra déjà deux petites feuilles AB (Fig. 2) à l’extrémité de la tige ; elles sont jaunes : ce sont les deux premières qui doivent se développer. La racine C commence aussi à se nourrir & à grossir. Au bout de trois jours, la racine F (Fig. 3) a acquis assez de force pour vaincre l’ouverture dont nous avons parlé, & déjà elle pénètre la terre qui commence à lui fournir des sucs nourriciers : dès ce moment la végétation acquiert plus d’énergie. Tant que la racine est encore renfermée dans les lobes, elle est blanche ; mais elle prend une couleur verte sitôt qu’elle trace dans la terre. Ce changement de couleur est dû au contact de l’air & de la lumière, avec lesquels elle commence à communiquer : l’écorce est encore plus molle ; elle se déchire très-facilement, & n’a plus de goût. Le peu de parties sucrées qu’elle contenoit a passé des lobes au germe, & lui a servi de première nourriture. Ces lobes GG, (Fig. 3) blanchâtres & concaves intérieurement, sont remplis de sucs ; & si on les coupe, ils laissent échapper quelques gouttes d’une humeur glutineuse. La tige H (Fig. 4) s’étend & commence à se contourner de manière que la racine regarde la terre, & la plantule l’air : on peut y distinguer déjà des fibres ligneuses & des utricules.

Le quatrième jour, l’écorce se trouve mouchetée de taches rougeâtres ; les lobes L (Fig. 5) sont très-enflés, & la racine D est devenue plus épaisse, plus longue & toute verte : les deux petites feuilles M, quoiqu’un peu plus développées, sont encore renfermées dans les lobes.

Vers le septième jour, la plante paroît beaucoup plus forte ; elle pousse déjà une racine tortueuse O, (Fig. 6) à l’extrémité de laquelle