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dation, croît dans l’ovaire de la plante, & devient graine. Cependant cette graine mourroit desséchée sans reproduire, si elle restoit perpétuellement adhérente par son cordon ombilical au péricarpe auquel elle est attachée ; mais ce même cordon qui lui avoit porté les sucs nourriciers, élaborés & préparés suivant sa délicate constitution, se dessèche lui-même, lorsque le germe est graine parfaite ; alors le péricarpe s’entrouvre & laisse tomber la graine à terre, où l’air, l’humidité & les principes que cette humidité contient la font germer, c’est-à-dire, développent la racine & la tige qu’elle renferme.

Arrêtons-nous un instant, & considérons attentivement ce phénomène important, & suivons, pour ainsi dire, pas à pas tous les détails qu’il nous offre.

Les principes les plus nécessaires an développement de la graine sont, comme nous le verrons au mot Végétation, l’air & l’humidité. M. Homberg a fait plusieurs expériences qui prouvent que si le ressort de l’air & sa pesanteur ne sont point la cause principale de la germination des plantes, du moins ils y influent beaucoup. Il prit deux caisses dans lesquelles il sema également différentes espèces de graines, en laissa une à l’air libre, & posa l’autre sous le récipient d’une machine pneumatique, dans lequel il fit le vide, & il observa, 1°. qu’à l’air libre la laitue leva avant le pourpier : le contraire arriva dans le vide ; 2°. qu’il ne parut dans le vide que quelques pieds qui, en trois jours, s’élevèrent de plus d’un pouce, & les feuilles séminales de la laitue ne s’étendirent point sur-tout en largeur ; celles du pourpier & du cresson étoient à l’ordinaire. 3°. Le pourpier ne subsista qu’un jour dans le vide, le cresson six jours ; la laitue subsista dans un même état pendant dix jours, le cerfeuil & le persil ne parurent point ; 4°. qu’après avoir laissé rentrer l’air dans le récipient, le cerfeuil & le persil levèrent, ainsi que quelques graines de cresson ; 5°. qu’après avoir enlevé le récipient, pour voir si ces plantes subsisteroient dans l’air libre, elles périrent toutes les unes un peu plutôt que les autres. Quelque confiance que mérite M. Homberg, on peut croire cependant que ses expériences n’ont pas toute l’exactitude requise, & que sa machine pneumatique n’étoit pas assez bien faite pour garder un vide parfait, & long-temps ; car si cela avoit été, il ne devoit y avoir aucune germination, comme on peut le croire d’après des expériences citées dans les Transactions Philosophiques de Londres. On avoit semé une même espèce de laitue dans deux vases remplis d’une terre de même qualité : l’un fut placé dans le vide, & l’autre resta exposé à l’air libre. Dans ce dernier, les graines germèrent très-bien, & les plantes s’élevèrent à deux pouces & demi de hauteur en huit jours de temps, tandis que, dans le premier, il ne parut absolument rien. MM. Béale & Boyle qui firent ces expériences, voulant s’assurer que la privation totale de l’air étoit cause que les graines ne germoient pas dans le vide, laissèrent rentrer l’air & enlevèrent le récipient ; bientôt après les semences germèrent, & en huit jours de temps elles acquirent la hauteur des autres.

L’humidité n’est pas moins néces-