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manière pittoresque. On peut encore en former des palissades de douze à quinze pieds de hauteur, en faire des cabinets de verdure. Cet arbre aime les terrains sablonneux & gras.

Dans les pays chauds, on retire de ce genévrier, & par incision, une résine nommée sandaraque, fort utile pour les vernis.


Genevrier Oxicèdre. C’est le juniperus oxycedrus de M. von-Linné, & le juniperus major, baccâ rufescente de M. Tournefort. On le nomme encore plus communément le cade, à cause de l’huile qu’on en retire, qui en conserve le nom. Cette espèce est commune dans nos provinces méridionales. Il diffère des précédens par sa baie grosse, rouge, d’un goût peu savoureux, & par les feuilles plus courtes que les baies. On distille son bois à la cornue, & on en retire l’huile de cade. Elle est noirâtre, fétide & caustique. Les maréchaux en font un grand usage pour les ulcères des animaux, & les bergers, dans le claveau & contre la gale des moutons. On dit que cette huile cautérise le nerf d’une dent creuse & cariée, & empêche de souffrir.


Genevrier Sabine, ou la Sabine. C’est le juniperus sabina de M. von-Linné, & sabina folio cupressi de M. Tournefort. Ses feuilles sont très-petites, droites, aiguës, se prolongent sur la tige, ressemblent à celles du cyprès, sont d’un beau vert & opposées. Cet arbrisseau s’élève peu : toute la plante a une odeur aromatique, forte & nauséabonde ; une saveur très-âcre & amère.

Les feuilles sont un des plus forts emménagogues ; elles échauffent considérablement, augmentent les forces vitales, causent des douleurs plus ou moins aiguës dans la région épigastrique, lorsque l’estomac est facile à irriter. C’est un remède qui exige beaucoup de prudence pour l’administrer intérieurement. Rarement on voit de bons effets de l’infusion des feuilles contre la gale, la teigne, quoique ce remède soit fort vanté, ni les feuilles réduites en poudre contre les ulcères fongueux & la carie des os. Il en est ainsi de tout ce que l’on a dit sur son eau distillée, sur son huile essentielle.

On trouve encore très-communément dans nos provinces méridionales le genevrier nommé par M. von-Linné juniperus phœnicea, & par M. Tournefort cedrus folio cupressi major fructu flavescente, & on l’appelle en Languedoc l’oxycèdre. Ses feuilles sont trois à trois, & quelquefois trois à quatre, & en recouvrement les unes sur les autres : la couleur des baies tire sur le jaune… Un autre genevrier nommé juniperus lycia par M. von-Linné, & cedrus folio cupressi media, majoribus baccis, par M. Tournefort. Ses feuilles sont trois à trois, & de tous côtés en recouvrement les unes sur les autres ; elles sont obtuses, ovales, & les baies sont très-grosses. L’Amérique, l’Asie & l’Afrique possèdent encore une nombreuse suite de genévriers ; celui qui porte l’encens, le genévrier ou cèdre des Bermudes, celui de Chine, de Virginie, &c. &c, dont on peut consulter les descriptions dans le grand Dictionnaire de Miller, dans les volumes de supplément de l’Encyclopédie.


GENRE DES PLANTES. Toute