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il remplit tous les pâturages. Les habitans ont trouvé le moyen de tirer avantage d’un arbrisseau qui passe en Europe pour inutile, & même pour pernicieux. L’aspect du pays n’a pas toujours été aussi agréable qu’il l’est à présent : le terrain étoit brûlé par la chaleur excessive, & toutes les espèces de grumes & d’herbages se ridoient. La plantation des buissons de genêt, qui croissent en dépit du soleil, conserve un certain degré d’humidité dans le sol. L’herbe commence à pousser à leur ombre, & peu à peu elle revêt tout le pays d’un joli gazon : maintenant qu’il n’a plus besoin du genêt épineux, les insulaires le déracinent & le brûlent. »

Qui ne reconnoît pas dans cet exemple la sage prévoyance des hollandois ? qui n’admire pas leur patience ? Entre les mains des françois, cette île seroit restée déserte.


GENEVRETTE. Boisson préparée avec le fruit de l’arbuste suivant.


GENEVRIER COMMUN. M. Tournefort le place dans la quatrième section de la dix-neuvième classe, qui comprend les arbres à fleur à chaton, dont les fleurs mâles sont séparées des fleurs femelles, & dont le fruit est une baie molle. Il l’appelle juniperus vulgaris fruticosa. M. von-Linné le nomme juniperus communis, & le classe dans la diœcie monadelphie.

Fleurs mâles & femelles sur des pieds différens ; les mâles en petits chatons coniques, à trois étamines réunies en un seul corps par leurs filets : les femelles composées de trois pistils, de trois pétales aigus, & d’un calice divisé en trois, posé sur le germe.

Fruit ; baie charnue, obronde couronnée de trois petites dents, ayant en-dessous trois petits tubercules, contenant trois semences ou petits noyaux durs, anguleux & oblongs.

Feuilles, adhérentes aux tiges, simples, étroites, aplaties, pointues, rangées trois à trois sur les tiges roides, droites & piquantes.

Racine, ligneuse, rameuse.

Port ; arbrisseau ordinairement en buisson, susceptible de s’élever en arbre, suivant le climat & le sol. Son écorce est blanche en dehors, rougeâtre en dedans ; le bois dur ; les fleurs rassemblées aux aisselles des branches, des feuilles ; les feuilles toujours vertes.

Lieu ; les terrains incultes, les collines sèches, arides ; fleurit en avril, mai ou juin, suivant le climat.

Propriétés médicales. La baie a une saveur âcre, un peu amère ; une odeur aromatique & douce, jetée sur les charbons allumés. Elle communique aux urines une odeur de violette. Les différentes parties de cette plante peuvent tenir lieu de thériaque aux habitans de la campagne. Les baies échauffent, altèrent, augmentent le cours des urines, souvent la transpiration insensible, donnent de l’activité à l’estomac pour digérer, & aux intestins affoiblis par des humeurs séreuses & pituiteuses. Elles conviennent dans la diarrhée séreuse, ou produite par foiblesse d’estomac.

En parfum, elle réveille le genre nerveux, & ce parfum est utile dans l’asthme humide, la toux catarrhale,