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Les feuilles sèches depuis deux drachmes jusqu’à une once, en infusion dans huit onces d’eau.

Le vin de genêt ou lessive spiritueuse se prépare ainsi. On prend tiges & feuilles de genêt qu’on fait brûler, & dont on ramasse les cendres pour les employer sur le champ, depuis une once jusqu’à trois onces, en macération au bain-marie, avec une livre de vin généreux. On filtre ensuite, & on fait prendre ce vin par verrées pendant l’espace d’un à trois jours, suivant le tempérament & l’espèce de maladie. On donne aux animaux la décoction des feuilles ou des fleurs, à deux poignées sur une livre & demie d’eau. La décoction des semences est purgative & émétique, & il vaut mieux ne pas s’en servir.


Genêt épineux ou jonc marin ou ajonc, lande en Bretagne, brusque en Provence, appelé par M. von-Linné ulex europæus, & par M. Tournefort, genista spartium majus, aculeis brevioribus & longioribus. Il est pour tous les deux auteurs de la même classe que les précédens.

Fleur, en papillon & à cinq pétales ; l’étendard très-grand, en forme de cœur, tronqué, étendu sur les ailes ; les ailes oblongues, obtuses, plus courtes que l’étendard ; la carène droite, obtuse ; le calice composé de deux folioles ovales, colorées & égales.

Fruit. Légume renflé, assez court & presqu’entièrement couvert par le calice. Il contient des semences obrondes & tronquées.

Feuilles, petites, étroites, velues, : aiguës, sans queue ou pétiole.

Racine, rameuse, ligneuse.

Port. Arbrisseau dont les tiges sont droites & épineuses, dont les épines sont garnies d’autres épines petites & latérales ; les rameaux terminés par des aiguillons très-piquans ; les fleurs solitaires ou rassemblées au bout des rameaux, portées sur des péduncules garnis de feuilles florales ; les feuilles sont éparses sur les tiges.

Lieu. La majeure partie des provinces de France, dans les lieux incultes & sablonneux ; fleurit en mai & juin.

Propriétés médicales. On lui suppose les mêmes que celles des genêts dont on vient de parler, ce qui demande confirmation.

Propriétés économiques. Cet arbrisseau mérite qu’on s’en occupe, sur-tout dans les pays où le sol est pauvre, sablonneux & inculte. De ses racines pullulent des tiges sans nombre ; ces racines gagnent insensiblement du terrain, & parviennent à couvrir de très-grands espaces. Voilà donc les premiers matériaux de la sève tous trouvés si on suit ce qui a déjà été dit en parlant du genêt à balai. Ainsi que lui & mieux que lui il fournit d’excellentes bourrées pour chauffer le four, & dans le besoin, du petit bois pour l’usage du ménage.

Cependant on a un grand reproche à lui faire à cause de la difficulté qu’on a à détruire ces racines éparses dans le terrain dont il s’est emparé. Si on met le feu aux tiges, la chaleur ne pénètre pas dans la terre, & ne détruit pas les racines, au contraire, elles poussent ensuite avec plus de force. Il faut donc travailler le sol comme celui qui est occupé par le chiendent, c’est-à-dire, détruire & en-