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âcre, soluble dans l’esprit de vin & les jaunes d’œufs.

Les propriétés de toutes les parties de cet arbre ont singulièrement été vantées, & l’expérience a prouvé qu’il falloit beaucoup rabattre de leur prétendue efficacité. À réduire les choses à leur vrai point, le bois seul est vraiment & décidément utile.

Le bois rapé, en macération au bain-marie, dans une livre d’eau, depuis deux drachmes jusqu’à une once, augmente jusqu’à la sueur la transpiration insensible, pour peu qu’on y dispose les tégumens du malade par le repos, la chaleur de l’atmosphère & les vêtemens ; c’est un sudorifique des meilleurs & des plus forts que l’on connoisse. Souvent il dissipe seul les symptômes vénériens & opiniâtres, qui ont résisté à la sage administration du mercure, principalement si on le fait prendre après le traitement, à une dose relative aux forces, à l’âge, au tempérament du malade, à l’intensité, & à l’espèce de symptôme vénérien ; il échauffe, il altère, il constipe, diminue la quantité des urines, fatigue ceux dont l’estomac est foible & irritable, & ne convient point aux sujets disposés à cracher le sang ; le bois de gayac est en général indiqué dans les espèces de maladies par suppression de la transpiration insensible, sans inflammation, ni disposition vers cet état, dans l’asthme pituiteux, la rage, les écrouelles, la dartre vénérienne, & la dartre miliaire.

On vante beaucoup le bois de gayac rapé, à la dose de quatre onces, dans deux livres d’esprit de vin, macéré au bain-marie pendant 24 heures, & la liqueur ensuite filtrée, pour raffermir les gencives & appaiser les douleurs de dents. Il paroît dit M. Vitet, dans son excellente Pharmacopée de Lyon, que ses bons effets dépendent plus de l’esprit de vin que des substances extraites du bois.


GAS. Nom sous lequel les anciens chimistes, & quelques modernes ont désigné les substances aériformes qui se dégagent de quelques corps. (Voyez le mot Air, où nous avons parlé des gas sous leurs principaux rapports).


GAZON, GAZONNER. On appelle ainsi une portion de terre couverte d’herbe courte & menue, & on entend par gazonner le placage d’une légère couche de terre garnie d’herbe, sur un endroit qui en est dépourvu. La beauté du gazon consiste en la finesse de son herbe, & en ce que cette herbe ne s’élève jamais bien haut ; enfin, dans l’uni & le beau velouté vert qu’il doit présenter à l’œil.

On ne peut disconvenir que le gazon ne soit un des plus beaux ornemens d’un parterre, d’un parc, & de la campagne, sur-tout quand il borde & qu’il est à fleur d’une grande pièce d’eau, d’un bassin, d’un petit ruisseau, & on a raison de penser que dans ces lieux il y règne plus de fraîcheur qu’ailleurs, soit en raison du local, soit en raison de la grande transpiration des plantes qui augmente l’humidité de l’atmosphère, & dont l’évaporation augmente le frais. Qu’il est agréable de se coucher sur le gazon, auprès d’un petit ruisseau ! À quelle douce rêverie