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cultivée ; les fleurs disposées le long de la tige en espèces d’épi ; les feuilles alternativement placées.

Lieu. Les bords des chemins de presque toutes nos provinces, les terrains légers & qui ont du fond. La plante est annuelle & fleurit en juin ou juillet, suivant les climats.

Propriétés. La racine est apéritive, le suc de la plante diaphorétique. Cette plante est plus utile en teinture qu’en médecine.

Culture. La gaude ou vaude est aussi essentielle aux teintures jaunes & vertes, que la garance l’est pour les rouges. La culture de cette plante devient donc très-avantageuse dans nos provinces où les manufactures de drap sont multipliées, ou lorsqu’on peut l’exporter sans beaucoup de frais. On la cultive aujourd’hui avec le plus grand succès dans la Normandie, & l’on doit cette précieuse ressource au zèle de M. d’Ambournay, qui a fait pour elle ce qu’il avoit entrepris sur la garance ; (voyez ce mot) on la cultive également dans les environs de Paris, dans le Languedoc, &c. Les lieux où la gaude croît spontanément, ainsi que la forme de sa racine pivotante, indiquent suffisamment le terrain qui lui convient, & la culture qu’elle exige. On voit dès-lors qu’il lui faut une terre légère, sablonneuse & substantielle, si on veut qu’elle pousse avec vigueur ; enfin, plus la terre sera profondément défoncée, plus le pivot de la plante s’enfoncera, & plus elle s’élèvera ; unique objet de cette culture.

I. Des Semailles. Les auteurs ne sont point d’accord entr’eux. Les uns veulent qu’on sème la gaude au mois de mars, pour la récolter en juillet ou en août, suivant le climat ; d’autres, qu’on la sème aussitôt après la récolte, afin d’imiter la marche de la nature ; & les derniers, en même temps que les blés, c’est à-dire, dans le courant de septembre ou d’octobre, ou même de novembre, suivant le climat, &c.

Pourquoi cette différence dans les opinions, tandis qu’il y a une loi écrite dans le grand livre de la nature, sans cesse ouvert aux yeux de ceux qui veulent ou savent y lire ? Cette loi tient à la constitution du climat, & par conséquent elle n’est pas la même pour la Flandre, par exemple, & pour le Languedoc, &c. Je demande au flamand : À quelle époque, toutes circonstances égales, la gaude sort-elle naturellement de terre dans votre canton ? je fais la même demande au bourguignon, au provençal, &c. Leur réponse est l’époque désignée par la nature : conformez-vous donc à sa loi, & une fois connue par vous, préparez vos terres en conséquence, afin qu’elles reçoivent la sentence au temps marqué : vous ne craindrez plus d’être trompé en suivant à la lettre les opinions des auteurs, parce qu’ils ont écrit pour leurs cantons, sans considérer le reste du royaume.

L’assertion que je viens d’établir exige une modification, parce qu’il y a plusieurs plantes qui ont deux époques de germination, même très éloignées. Les graines germent en quelque temps que ce soit, lorsque le degré de la chaleur de l’atmosphère est au point convenable à la germination ou à la fleuraison. Par exemple, en septembre, en octobre, en novembre, suivant les climats, le blé germe, & il germe également en