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une belle teinture : leur préparation avant de les réduire en poudre, & la manière de les pulvériser.

La préparation des racines de garance consiste à les imbiber de quelqu’une des cinq liqueurs, ou compositions suivantes.

Première composition. Environ quinze pintes d’eau commune pour chaque quintal de racines dans laquelle on fera dissoudre sur le feu une livre d’alun.

Seconde composition. Même quantité d’eau pour chaque quintal de racines, dans laquelle on fera fondre une livre de miel commun, sans la mettre sur le feu.

Troisième composition. Même quantité d’eau & dans la même proportion, dans laquelle on jettera deux livres de son.

Quatrième composition. Dix pintes de vinaigre, sans aucun mélange d’eau, pour chaque quintal de garance.

Cinquième composition. Quinze pintes d’eau commune par quintal de garance, dans laquelle on fera bouillir pendant deux heures deux livres de soude dont on se sert dans les savonneries. Après l’avoir retirée du feu, on y jettera trois livres de fiente de mouton qu’on aura ramassée & fait sécher au mois de mai. On remuera le tout de temps en temps pendant trois ou quatre jours, après lesquels on laissera reposer cette composition jusqu’à ce que le marc soit tombé au fond.

Ces cinq compositions ne conviennent pas toutes également à toutes sortes de garance. Il y a telle racine qui demande uniquement la première ou quelqu’autre des cinq compositions, tandis que telle autre en exige une différente. Cette différence provient des terrains où elle est cultivée. Ainsi, chaque particulier les essaiera séparément afin de bien connoître celle qui convient le mieux à sa récolte. Une fois cette connoissance acquise, vous mettrez vos racines bien lavées dans une cuve ou dans une chambre bien carrelée ; vous les arroserez de cette liqueur pendant l’espace de deux ou trois jours ; vous les étendrez ensuite dans un grenier ou hangar jusqu’à ce qu’elles soient demi-sèches, en les remuant de temps en temps, pour empêcher la moisissure, & enfin vous achèverez de les faire sécher au soleil.

Dès que les racines sont bien sèches on les fait moudre à un moulin de tanneur, ou à un moulin à olives, ou à un moulin à cidre dont la meule sera haute & pesante, (voyez l’article Moulin) qu’on aura eu soin de bien nettoyer. Quelque grasse que soit cette racine après un certain temps de trituration, on en tire, en la passant au tamis, une première poudre qu’on appelle garance robée & qui est la plus basse qualité de garance.

On fait ensuite sécher au soleil le son de cette première mouture, après quoi on le met sous la même meule ; on le passe à travers un tamis, & on en fait une deuxième poudre qu’on appelle garance non robée, meilleure que la précédente, mais d’une qualité inférieure à celle de la troisième espèce.

Pour avoir celle-ci, il faut remettre sécher au soleil le dernier son, & ensuite le faire moudre à un moulin à blé, dont les meules soient un peu plus distantes l’une de l’autre qu’elles