Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1784, tome 5.djvu/255

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fruit composé de deux pièces adhérentes par leur base, & il l’appelle rubia tinctorum sativa. M. von-Linné lui conserve la même dénomination, & la classe dans la tétrandrie monogynie.

Fleur B, sans tube, découpée en quatre ou cinq parties, en manière d’étoile ; les étamines, au nombre de quatre, sont rassemblées par leurs anthères, & attachées par leur filet à la corolle, & font l’alternative avec ses divisions, C ; le pistil D est placé au centre des étamines ; le calice E est d’une seule pièce.

Fruit F, composé de deux baies arrondies & attaché par un ombilic ; chaque baie renferme une semence G, H, un peu creuse vers le milieu, enveloppée d’une peau I.

Feuilles verticillées, c’est-à-dire, rangées tout autour de la tige comme les rayons d’une roue autour du moyeu ; elles sont au nombre de six, & quelquefois de cinq, pointues, rudes au toucher, armées de petits dards, légèrement crénelées tout autour.

Racine A, longue, rampante, branchue, rouge en dehors & en dedans, mais quelquefois jaune en dehors lorsqu’elle est jeune.

Port. Tiges longues, quarrées, sarmenteuses, nerveuses, rudes au toucher ; les fleurs naissent au sommet des branches.

Lieu. Dans presque toutes les provinces du royaume, soit du nord, soit du midi, & particulièrement dans ces dernières ; la plante est vivace, fleurit en juin, juillet & août, suivant le climat, & on a beaucoup de peine à la détruire quand une fois elle s’est emparée d’un terrain.

M. von-Linné reconnoît deux autres espèces de garance, qu’il désigne sous le nom de rubia peregrina, ou garance étrangère, dont les feuilles, au nombre de quatre seulement, sont très-dures au toucher en dessous, douces en dessus, & elliptiques ; l’autre espèce a ses feuilles linéaires, rudes au toucher en dessus, & qui se conservent sur les tiges. Je regarde comme de simples variétés ou espèces (voyez ce mot) jardinières les autres garances qui tirent leur différence ou du climat ou du local.

De sa Culture.

C’est une des plantes les plus recherchées pour les teintures, & d’un très-grand produit quand elle est bien cultivée. On commence heureusement en France à ne plus devenir tributaire des Hollandois, qui la fournissoient toute autrefois ; & des expériences sans nombre ont démontré que celle de France est aussi parfaite que celle qu’ils nous apportoient de Zélande, après l’avoir grossièrement pulvérisée. Ce sont des François réfugiés qui ont porté en Hollande ce genre de culture, & cette branche précieuse du commerce.

Il est constant qu’on pourroit à la rigueur cueillir la graine sur les plantes venues spontanément dans nos buissons, sur les lisières des bois, mais il vaut beaucoup mieux se procurer celle des plantes déjà cultivées avec succès, parce qu’elle est beaucoup mieux nourrie, & donne ensuite des sujets plus vigoureux. Il sera encore plus avantageux d’en faire venir du Levant ou de Zélande ; la première est à préférer, à tous