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rale, couvertes d’un duvet blanchâtre qui tombe après leur développement. Le pétiole vers la racine & à l’insertion de folioles, est garni d’un duvet composé de trois petites lamelles brunes. Ces feuilles périssent chaque année.

Lieu ; les bois. La plante est vivace.

Propriétés. La racine a un goût amer & un peu astringent ; elle est vermifuge, médiocrement urinaire.

Usage. On emploie la racine en décoction dans huit onces d’eau, depuis demi-once jusqu’à une once ; pulvérisée comme vermifuge, depuis demi-drachme jusqu’à demi-once, incorporée avec un sirop. La décoction pour les animaux, est environ de quatre onces sur une pinte d’eau, & la racine pulvérisée à la dose d’une once.

Usages économiques. Les cendres de toute espèce de fougères, pétries dans l’eau, blanchissent le linge, & tiennent lieu de savon.

La racine fournit aux cochons une nourriture qui leur plaît.

Si on récolte les feuilles encore tendres, & qu’on fasse un lit de feuilles & un lit de paille, & ainsi successivement, on se procurera par ce moyen une bonne nourriture d’hiver pour les troupeaux, & même pour les bœufs & pour les chevaux. Pendant les grosses chaleurs de l’été on peut donner aux vaches & aux bœufs la fougère verte & tendre.

La fougère fournit une excellente litière à toute espèce d’animaux ; elle absorbe & se pénètre des urines, & avec son secours on économise la paille.

Tout terrain où croissent les fougères, est bon en général, ou il le devient si les fougères s’en sont emparé depuis nombres d’années. Comme à chaque hiver les feuilles périssent, il résulte de leur décomposition une terre noire qui est un véritable humus. Si l’on vouloit convertir un pareil fonds en une terre à grain, il seroit absurde de brûler les feuilles sur la place ; il vaut beaucoup mieux les voiturer du champ à la ferme, & s’en servir pour les litières. Après le premier labour qui doit être profond, on conduit les cochons sur cette terre remuée, ils mangent les racines portées sur la superficie & fouillent avec leur museau dans l’intérieur du sol pour tirer ce qui reste.


FOUGUE, FOUGUEUX. Se dit d’un arbre qui pousse à outrance sans donner du fruit. Écoutons parler M. l’abbé Roger de Schabol : « On ne peut le dompter qu’en le laissant porter tant & plus. Le jardinage commun ignore encore le moyen d’en tirer du fruit ; tous les jardiniers les tourmentent perpétuellement & à outrance, & toujours inutilement : les uns leur coupent les grosses racines ; les autres leur font des trous de tarière dans le tronc, & y chassent une cheville. Nous en avons vu porter l’excès de folie jusqu’à y mettre dans ce même trou du mercure ; non contens de les tourmenter ainsi dans l’intérieur de la terre, ils les saccagent par la tête en recoupant leur gros bois, & en les recepant pour leur en faire pousser de nouveau. C’est ainsi qu’en toute occasion, sans aucun discernement, on violente la nature qui, toujours