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cuations, il faut que le système des solides soit relâché ; que les matières à évacuer ayent acquis une fluidité convenable. Or, ce relâchement, cette fluidité n’existent que sur la fin de la maladie. Ces médicamens étant astringens, ils ne peuvent que donner du ton à des solides déjà trop distendus, & resserrer les orifices des vaisseaux excrétoires. De plus, en ne donnant point d’eau aux animaux malades, ils ne peuvent point délayer les matières & les disposer à être évacuées. Les antiseptiques placés dans le commencement de la maladie, ne pourroient donc que supprimer les évacuations que la nature produit, loin de les favoriser ; ils ne pourroient qu’occasionner des obstructions, des inflammations dans les viscères contenus dans la cavité de l’abdomen, & la gangrène.

Mais si tous ces secours sont insuffisans ; que les effets de la putridité se manifestent avec plus de force & de malignité ; que l’acrimonie irrite les solides ; que le mouvement intestin de putréfaction les attaque ; que les orifices des vaisseaux excrétoires se resserrent & se dessèchent ; que les liqueurs soient très-corrompues ; qu’il ne se fasse point d’évacuation ; ou que s’il s’en fait par les différens organes excréteurs, & que ce ne soient que des matières crues, des sérosités jaunâtres ou noirâtres, alors l’air fixe qui se dégage des matières putrides, reprend son élasticité, distend le canal intestinal, qui a beaucoup perdu de son ressort & de son action, le ventre se soulève. La nature troublée du danger qui la menace, dirige toutes ses forces vers les viscères de l’abdomen, elle y produit ou augmente les embarras, les engorgemens des vaisseaux ; de-là naissent les dispositions inflammatoires ; si l’inflammation est poussée trop loin, elle augmente la putréfaction, & elle peut se terminer par la gangrène.

Mais il est possible de prévenir quelquefois ces malheurs, en s’appliquant à corriger la putridité, en faisant avaler aux animaux qui en sont attaqués, les décoctions tièdes de riz, d’orge, d’avoine, adoucies avec le miel, la bière, le cidre récent, en leur donnant fréquemment & à petite dose le jus de citron avec le sel d’absinthe, & pour calmer l’acrimonie des matières putrides, on aura recours aux semences froides, aux doses répétées d’huile de lin, aux décoctions de mauve nitrées, aux vapeurs des décoctions des plantes émollientes, placées sous le ventre de l’animal, aux lavemens plus ou moins répétés, faits avec les mêmes décoctions auxquelles on ajoute du nitre, du vinaigre, &c. C’est à l’aide de ces médicamens internes & externes que le médecin vétérinaire pourra faciliter la coction & la séparation de ce qui a été altéré par la putréfaction, mais en ranimant en même temps ou soutenant les forces vitales, s’il est nécessaire, par les cordiaux aromatiques.

Lorsque la nature indiquera que la matière est cuite & prête à être évacuée ; lorsque la langue s’humectera, que le ventre s’affaissera, qu’il se fera des déjections de matières un peu plus liées, c’est alors que les purgatifs conviendront, & qu’en secondant les efforts de la nature, ils accéléreront la cure de la maladie ; mais si on les employoit