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du centre de la circulation ; si elle est comprimée, engorgée, ulcérée ; enfin, si la circulation y est gênée, les gangrènes sèches se manifestent, & les tumeurs deviennent quelquefois tout-à-coup gangreneuses.

Dans la cause particulière, la masse totale des fluides n’est pas corrompue, & la putridité de la partie dépend uniquement de ce que les liqueurs y circulent difficilement, ou y croupissent. Enfin le vice peut être général & local en même temps ; & cette cause, que j’ai appelée mixte, peut, à bien plus forte raison, produire la putridité, & la putridité, les gangrènes dont j’ai fait mention.

Toutes ces causes ne font cependant que disposer à la putridité : la cause immédiate du mouvement intestin de putréfaction, dans une partie d’un animal vivant, est toujours la perte de l’air fixe, favorisée par l’action de l’air extérieur. Tant que la circulation subsiste dans l’ordre naturel, que les solides ont leur ressort, leur action, les fluides leurs qualités convenables, & que la peau n’est point altérée, la nature les défend des impressions de l’air extérieur, & s’oppose au trop grand développement, & conséquemment à la perte de l’air fixe que pourroient faire les substances animales.

Mais si des fluides séjournent longtemps hors des voies de la circulation, & qu’ils ne puissent pas y rentrer, comme dans les contusions considérables, dans quelques œdèmes, dans les abcès qu’on tarde trop à ouvrir, il s’excite à la longue un mouvement intestin de putréfaction, la peau s’altère, l’air fixe se dissipe ; & si le tissu de la peau vient alors à être totalement défense, si les matières qui ont séjourné long-temps se font jour d’elles-mêmes, ou que l’art en procure l’expulsion, la pourriture se manifeste bien plus vite, & fait des progrès rapides ; l’air extérieur exerce tout son pouvoir, & l’air fixe se dissipe en très-grande quantité.

La même chose arrive, si les solides sont trop & trop long-temps distendus à cause des obstacles qui s’opposent à la liberté de la circulation, & des efforts que fait la nature pour les enlever. C’est ce qui s’observe dans les inflammations violentes, qui sont occasionnées par quelques irritations, par quelqu’obstruction, par quelque compression constante, par une fracture ou une luxation, &c. Alors ces solides perdent leur ressort ; leur adhérence mutuelle est diminuée, le séjour, la chaleur de l’inflammation excitent dans les fluides un mouvement intestin qui, contenu dans de justes bornes, auroit produit la suppuration, mais qui, poussé trop loin, cause la putréfaction.

La perte du ressort des solides occasionne encore la putridité, lorsqu’une sérosité trop âcre, trop abondante pénètre leur tissu, & diminue le point du contact des fibrilles & de leurs élémens, lorsque des sucs nourriciers ne réparent point leurs pertes, ou que la foiblesse de la circulation favorise leur inertie.

Dans tous ces cas, les liqueurs séjournent & se corrompent. C’est ainsi que la pourriture & la gangrène se manifestent quelquefois dans l’hydropisie, dans les œdèmes des vieux animaux, & chez ceux qui sont épuisés par des travaux trop longs & trop pénibles, ou qu’on