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chaud & humide, subissent le mouvement intestin dont elles sont susceptibles, celui de putréfaction. C’est ainsi que le défaut d’exercice produit des maladies putrides, que les violentes inflammations, les contusions, les extravasations des fluides causent la gangrène ;

5°. Que le mouvement trop accéléré des fluides tend à la désunion des parties qui les composent, à la dissipation de leur air fixe, & à une chaleur trop vive qui en hâtent la putréfaction. De-là un exercice trop violent peut de même produire des maladies putrides, & les maladies inflammatoires dégénèrent presque toujours en putrides & en gangrène ;

6°. Qu’un air humide diminue la transpiration insensible, & absorbe difficilement la matière de cette excrétion. Les vapeurs aqueuses de l’atmosphère pénètrent, remplissent les pores de la peau, affoiblissent le ressort & l’action des solides qui poussent au-dehors cette matière, la partie la plus volatile, & peut-être la plus proche de la putréfaction. Dès-lors il n’est pas étonnant qu’elle corrompe le sang, si elle y est retenue : d’ailleurs l’humidité de l’atmosphère, qui ne permet pas aux parties aqueuses de s’exhaler, laisse le passage libre à la partie aérienne des humeurs, & cause la putridité, & la putridité la gangrène ;

7°. Qu’un air chaud augmente la transpiration & la perte de l’air fixé par cette excrétion, & produit le mouvement intestin putréfactif, & la mortification ;

8°. Qu’un air chaud & humide, soufflant en même temps, occasionne & accélère la putréfaction ; & s’il dure trop long-temps, il en résulte des maladies putrides & épizootiques ;

9°. Qu’un air chargé d’exhalaisons putrides ne fait sentir que trop souvent les pernicieux effets des miasmes qu’il contient dans les lieux bas, humides, marécageux, on les végétaux se putréfient, dans tous les endroits où l’air n’est point renouvelé, dans les écuries, les étables & les bergeries qui sont trop remplies d’animaux, & dans celles qui sont mal-propres.

Les molécules putrides, répandues dans leur atmosphère, affoiblissent l’élasticité & l’électricité de l’air : absorbées par les pores de la peau & des poumons, les animaux les avalent avec leur salive & leurs alimens ; elles pénètrent par ces différentes voies, & se mêlent avec le fluide qu’elles corrompent, en y agissant comme ferment, & leur communiquant le mouvement intestin dont elles sont agitées.

10° Les animaux les plus sujets à contracter les maladies putrides, sont les tempéramens bilieux & les pléthoriques, ceux qu’on livre à des travaux excessifs, ou qu’on abandonne à un repos immodéré ; ceux qui mangent trop, ou ceux qui souffrent la faim ; ceux à qui on donne des fourrages d’une mauvaise qualité, ou à qui l’on en distribue qui sont corrompus ; ceux qui habitent des lieux bas, des pays chauds, des endroits humides, marécageux, & ceux, enfin, qui respirent un air putride.

11°. Nous observerons enfin que toutes ces causes de la putridité peuvent, dans le cheval ou dans le bœuf qui a des dispositions à la contracter,