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plus grosses, pendant qu’elles sont petites.

L’explication de la formation d’une galle, donnée par M. de Réaumur, paroît si naturelle & si vraisemblable, jointe sur-tout à l’observation de Malpighi, que nous ne pouvons mieux faire que de la donner ici : « Une blessure, dit-il, a été faite à une fibre, un œuf a été déposé dans cette blessure ; la blessure faite dans une partie très-abreuvée de sucs nourriciers se ferme bientôt ; les bords se gonflent, se rapprochent, & voilà l’œuf renfermé. Autour de cet œuf il y aura en peu de jours une galle aussi grosse qu’elle le doit devenir, dont cet œuf occupera le centre. Un corps étranger introduit dans les chairs des plantes, comme dans celles des animaux, est propre à y faire naître des tubérosités : une épine, une fibre même de bois introduite dans notre chair, y fait bientôt naître une tumeur ; mais il s’y produit de la pourriture, de la corruption, & il ne s’en fait point, ou il ne paroît point s’en faire dans notre galle ; tout y paroît sain, aucun suc n’y est épanché ; c’est que l’épine ne nettoie point la plaie qu’elle a faite dans la chair, elle n’ôte point le suc qui s’y épanche… Avec quelqu’attention qu’on examine la cavité de notre galle en groseille, ou de toute autre, soit dans le temps où il n’y a encore qu’un œuf logé, soit dans le temps où le ver paroît, on n’y trouvera aucun suc répandu… Il n’est pas étonnant que le ver suce tout le suc qui est porté aux parois de cette cavité & qu’il y en attire même. On ne doit pas s’étonner davantage de ce que l’œuf même suce ce suc & l’attire, dès qu’on se souviendra que nous avons fait remarquer que l’œuf croît dans cette cavité : sa coque flexible doit être regardée comme une espèce de placenta appliqué contre les parois de la cavité ; elle a des vaisseaux ouverts qui, comme des espèces de racines, pompent & reçoivent le suc fourni par les parois de la galle ; cette galle est une matrice pour le ver dans l’œuf ; l’insecte, pendant même qu’il est renfermé dans l’œuf, peut donc déterminer le suc à se porter plus abondamment dans la galle qu’il ne se porte dans les autres parties de la plante. »

» Il n’en faut pas davantage pour faire végéter une partie d’un arbre plus vigoureusement que les autres, que de déterminer plus de suc nourricier à aller à cette partie ; or, on donne à la sève une sorte de pente à se porter vers l’endroit où on l’ôte dès qu’elle y arrive. La présence de l’œuf aide peut-être encore à cette végétation d’une autre manière. On sait combien la chaleur est propre à hâter toute végétation ; n’y a-t-il pas apparence que cet œuf qui contient un petit embryon qui se développe & dans lequel les liqueurs circulent avec rapidité, est plus chaud qu’une partie de la plante du même volume. Nous savons que le degré de chaleur de tout animal est plus considérable que celui des plantes. On peut donc concevoir qu’il y a au centre de la galle un petit foyer qui