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printemps, & même quelquefois en octobre, devient une mouche. Pour peu qu’on examine les feuilles du même arbre, ou de jeunes jets, on en découvrira encore de plus petites & de non moins jolies, qui ressemblent à une petite cloche ou à un gobelet qui adhèrent par leur pointe ; ces petits gobelets sont verds, & le bord évasé est d’un beau rouge de carmin ; la cavité est occupée par un petit ver, qui est recouvert d’une production très semblable à un couvercle ordinaire, au milieu duquel il y auroit un petit bouton pour le prendre. Sur les boutons du chêne on trouve assez ordinairement des galles qui, par leur rondeur, leur dureté & leurs couleurs, semblent être de petites boules d’un bois jaunâtre ; elles sont quelquefois réunies plusieurs ensemble, & doivent leur naissance à des mouches à quatre ailes, & armées d’une espèce de queue. On trouve encore sur le chêne de grosses galles qu’on prendroit pour de vrais nœuds, d’autant plus qu’elles sont ligneuses & très-dures ; elles renferment quantité de cellules qui contiennent chacune un petit ver blanc qui se transforme, en avril, en petite mouche brune à quatre ailes. Les galles en pommes, qui partent du bouton du chêne, contiennent aussi plusieurs cellules d’où sortent, vers le mois de juillet, des mouches à quatre ailes. Qu’on examine un bouton de chêne avant que ses feuilles soient épanouies, on le verra souvent percé d’un trou rond qui aboutit à une petite galle à trois, quatre ou cinq cellules qui logent des vers, qui dans la suite donneront des mouches brunes à quatre ailes ; c’est encore de ces mêmes boutons que naissent ces galles en artichaut, dont nous avons parlé plus haut ; elles contiennent plusieurs cavités où l’on trouve ou un ver, ou une nymphe, ou une mouche à quatre ailes.

La galle, sans contredit la plus singulière, est celle qui croît sur le rosier sauvage plus connu en France sous le nom d’églantier. L’intérieur est assez solide & compacte, tandis que l’extérieur est couvert de filamens ou d’un espèce de chevelu. On les trouve non-seulement à la place des boutons, mais encore sur les fibres de quelques feuilles ; elles renferment plusieurs cavités dont chacune est destinée à un ver qui donne naissance à une mouche semblable à celles qui produisent les galles de chêne.

Telles sont à peu près les principales variétés des galles, que l’on peut observer sur les plantes & sur les arbres ; il est bien plus facile de les décrire, & de reconnoître l’insecte auquel elle doit sa formation, que d’expliquer comment elle a été produite, & comment elle croît ; la plupart croissent si vite qu’on ne peut point, pour ainsi dire, distinguer le moment de leur naissance de celui de leur entier accroissement. M. de Réaumur, qui, pendant plusieurs années, s’étoit proposé de suivre l’accroissement des glandes les plus communes du chêne, comme des galles en grains de groseille, après un très-grand nombre d’observations, a vu que leur accroissement étoit une affaire de peu de jours, & il lui a été toujours très-difficile de saisir même celles qui deviennent les