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voient bonnes ; M. de Réaumur rapporte même qu’il en a goûté, & qu’il leur a trouvé une saveur aromatique, analogue à l’odeur de la plante ; mais il avoue qu’il doute si ces galles pourroient jamais parvenir à être mises au rang des bons fruits.

Parmi les galles sphériques, les unes sont immédiatement appliquées contre la partie de la plante qui les produit, comme les galles en pommes du chêne ; les autres y tiennent par un pédicule plus ou moins court.

Il seroit trop long de détailler ici exactement la variété infinie des formes que ces productions offrent ; il suffit de remarquer que depuis la forme sphérique & lisse, jusqu’à celle à laquelle M. de Réaumur a donné le nom de galles en artichaut, que l’on trouve sur le chêne, on peut en compter un nombre prodigieux. Il ne faut pas croire cependant que l’on puisse y trouver une espèce d’uniformité attachée à l’espèce d’insecte qui la produit ; ces monstruosités, fruit d’une végétation viciée, prennent mille formes accidentelles & indépendantes souvent de la cause qui l’a occasionnée ; tantôt ce n’est qu’une partie de la plante épaissie & tuméfiée, des espèces de varices, comme les galles du saule & des feuilles d’osier ; tantôt le corps de la galle dur & solide, est chargée & hérissé de longs fìlamens ou fibres détachées les unes des autres, comme les galles chevelues des rosiers sauvages ; tantôt elles sent formées d’un grand nombre d’écailles qui se recouvrent mutuellement, ce qui les fait ressembler aux calices des artichauts ; tantôt elles sont hérissées de piquans & d’épines, d’autres sont branchues, d’autres ressemblent à des champignons, &c. &c.

Toutes les parties des plantes peuvent produire des galles, lorsqu’elles sont attaquées par des insectes, on en trouve sur le corps des feuilles, sur leurs pédicules, sur les tiges, les branches, les jeunes pousses, les racines, les bourgeons, les fleurs, enfin même sur les fruits.

Il y a grande apparence que l’espèce d’insecte influe beaucoup sur l’espèce de la galle, sur-tout pour qu’elle soit ligneuse ou spongieuse, ou chevelue, &c. ; mais pour la forme extérieure & accidentelle, la végétation seule de la plante la décide. À l’inspection seule de la galle on peut assez sûrement juger si elle est habitée ou non ; si elle n’est percée nulle part, les insectes qui ont occasionné sa naissance sont encore renfermés dans son intérieur ; mais si sur sa surface on apperçoit une ou plusieurs ouvertures, on doit en conclure que les insectes ont subi leurs métamorphoses, & sont sortis. Si non content de l’inspection extérieure, on ouvre la galle en deux avec un couteau, on ne manque pas d’y trouver un ou plusieurs insectes, suivant le nombre de cellules ; selon le temps où on les aura ouvertes, on y trouvera ces insectes, ou sous leur première forme, ou sous celle de nymphe ou de chrysalide. Ils deviennent, après leurs métamorphoses, ou des mouches à quatre ailes, & c’est le plus grand nombre, ou des mouches à deux ailes, ou des scarabées, ou des papillons ; par conséquent, en ouvrant des galles de différentes espèces avant le temps des