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quinze à vingt minutes ; retirez du feu, laissez infuser, & conservez pour l’usage.

Cette liqueur se conserve sept à huit jours en hiver, quatre en été ; on l’emploie chaude : les feuilles de tabac servent d’éponge ; on a soin de les remettre dans la liqueur après s’en être servi.

N°. 10. Eau végéto-minérale. Prenez eau commune la plus pure possible, huit livres ou quatre pintes ; extrait de saturne, une once ; eau de vie, quatre onces : battez & agitez ces liqueurs ensemble ; elles blanchiront comme du lait[1].

N°. 11. Orge miellée & camphrée. Prenez orge entière, une bonne poignée ; faites bouillir pendant un quart d’heure dans quatre pintes d’eau commune ; coulez : ajoutez miel commun, demi-livre ; eau de vie camphrée, deux onces.

N°. 12. Lavement purgatif. Prenez séné, trois onces ; jetez dans eau bouillante, une pinte ; laissez infuser deux heures ; coulez : ajoutez sel commun, deux onces ; faites dissoudre, & donnez pour un lavement au bœuf.

N°. 13. Breuvage purgatif. Prenez aloès, une once & demie ; vinaigre tartarisé, quatre onces ; miel commun, trois onces : mêlez, broyez, & donnez en une seule dose le matin, l’animal étant à jeun, & n’ayant pas eu à souper la veille ; faites prendre par dessus quelques cornées d’eau commune.

Cette dose est pour les bœufs & vaches de la grande taille ; on aura à la diminuer d’un quart pour ceux d’une taille moyenne, & de moitié pour les petits.

Pour les moutons, les cochons, les boucs & les chiens de la forte

  1. M. Brazier, qui nous a fourni, & qui continue à nous envoyer d’excellens articles relatifs à la Médecine Vétérinaire, a vu que l’on employoit très-fréquemment dans les campagnes, soit pour les hommes, soit pour les animaux, la litharge dissoute par le vinaigre ; d’où résulte l’extrait de saturne, ou l’eau végéto-minérale de M. Goulard, lorsque cet extrait est étendu dans beaucoup d’eau. M. Goulard, dans son Traité des effets des Préparations du Plomb, conseille comme topique l’eau blanchie par l’extrait de saturne, & quatre ou cinq jours après, lorsque l’éruption est finie, d’ajouter demi-once de sel marin à deux livres de la même eau, & continuer d’en laver les parties affectées de la gale. La gale humide & canine, continue M. Goulard, s’évanouissent dans l’espace de dix jours par ce seul remède, qui ne cause ni puanteur ni danger.

    Ce remède, devenu un peu trop familier entre les mains des maréchaux & des chirurgiens de campagne, exige une singulière attention, parce qu’il peut répercuter l’humeur, & causer les plus grands désordres. Deux ou trois exemples pris dans les Ouvrages du Docteur Percival, seront la preuve la plus démonstrative de la circonspection que ce topique exige. Un jeune homme, qui avoit à l’épine du dos une tumeur qui avoit résisté à tous les topiques, eut recours à l’extrait de saturne : quelques heures après il eut de violentes coliques, & des crampes aux extrémités… On appliqua sur les contusions d’une femme renversée par une voiture, de l’extrait de saturne ; elle eut des spasmes d’estomac & des coliques violentes… Un homme avoit à la jambe un ulcère considérable ; il fut lavé plusieurs fois avec l’eau végéto-minérale, quatre jours après il fut atteint de coliques & de paralysie dans les membres… Que d’exemples pareils on pourroit citer ! N’employez donc jamais ni l’extrait de saturne, ni l’eau végeto-minérale que sur la fin de la maladie, & encore faut-il avoir fait précéder les remèdes généraux & internes.