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& macéré dans l’eau, le meilleur foin, la meilleure paille, & une légère quantité d’avoine bien nette, leur seront donnés en proportion de leur taille, de leur appétit & de leur maigreur ; on la diminuera au contraire à ceux qui seront en bon état, elle pourra être la même que celle dont ils faisoient précédemment usage, si elle est saine & bien récoltée. Quant à ceux qui seront trop gras, & dans l’obésité, leur nourriture sera composée d’eau nitrée, de paille & d’avoine en petite quantité, les bœufs qui pourront aller aux champs seront conduits de préférence sur les terrains secs & élevés ; ils seront abreuvés de l’eau la plus claire & la plus pure possible ; on aura les mêmes soins pour les moutons, la chèvre & le bouc.

Le cochon sera nourri avec des alimens sains, tels que le gland, l’orge cuite, &c. l’eau qu’il boira sera limpide & renouvelée souvent.

La nourriture que l’on donnera au chien sera la chair crue très-fraîche, le pain sec & l’eau pure ; les proportions de ces alimens seront toujours relatives à la force des sujets & à l’état d’embonpoint ou de maigreur ; on donnera aux chiens voraces, de gros os, autour desquels on aura laissé un peu de viande. Il faut tenir les bœufs couverts & à l’abri du contact de tout air froid, & s’opposer à ce qu’ils ne portent les dents sur les parties malades, & atteignent les corps voisins pour se frotter ; enfin, on ne doit pas omettre que les couvertures, la litière, & généralement tout ce qui les entoure, doit être nettoyé, lavé & renouvelé souvent ; on mettra des muserolles aux chiens qui en seront susceptibles, pour les empêcher de se lécher, de se mordre, &c.

Cette maladie étant au surplus contagieuse, la première attention est de séparer les animaux sains des malades ; on doit bien concevoir que la poussière qui s’élève des bœufs affectés de la gale, que l’on brosse & que l’on étrille, pouvant tomber sur les sains, les premiers doivent être pansés dans des lieux très-éloignés des seconds.

Traitement externe ou local. Tous les animaux doivent être tenus dans la plus grande propreté, la gale étant une maladie qui tend à infecter la masse des humeurs ; on ne sauroit donc trop en favoriser la sortie. Quant aux grosses bêtes à cornes, par le pansement de la main, par les lotions & fomentations émollientes, N°. 1. (Voyez les formules médicinales, à la fin de cet article.) au moyen desquelles on lavera fortement & pendant long-temps les parties des tégumens tuméfiées, après les avoir bien bouchonnés & étrillés à fond. On se sert pour les bœufs d’un gros mâchefer très-raboteux, à la faveur duquel on frotte & racle fortement les endroits endommagés par le virus. On répète ces opérations matin & soir ; mais si la gale est plus incommode, & que l’animal soit très-avide de se gratter, on la répète plus souvent, on est même quelquefois forcé d’excorier les tégumens, à force de passer l’étrille, à l’effet de faire cesser le prurit ; en ce cas on maintient des compresses imbibées de décoctions mucilagineuses & calmantes (N°. 2.) pour appaiser la douleur & l’inflammation qui suivent un frottement