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Lieu. Les champs, les jardins ; la plante est annuelle, & fleurit en mai, juin, juillet, & jusqu’à l’hiver, suivant le climat.

Propriétés. Les auteurs sont peu d’accord sur l’origine du nom de cette plante ; les uns disent qu’elle aime les terre fumées ; d’autres, que son suc introduit dans les yeux, y cause de l’irritation comme de la fumée. Quant à moi, je pense que son nom vient réellement de sa qualité, relativement à la terre, attendu qu’elle la fume ; en effet, pour peu que cette plante trouve une terre convenable, elle pousse de longs & nombreux rameaux qui contiennent, au rapport de M. Adanson, un vrai sel nitreux, qui décrépite au feu comme du nitre, ainsi, la décomposition de cette plante rend à la terre beaucoup plus de principes qu’elle n’en a reçu d’elle. (Voy. les mots Alterner, Amendement, Engrais).

La fumeterre est très-amère, désagréable au goût, sans odeur. On a beaucoup vanté le suc de ses feuilles contre les dartres, la gale, la goutte, sans aucun fondement. On peut la regarder comme stomachique, utile dans la jaunisse essentielle, lorsque l’inflammation devient modérée ; dans les obstructions récentes du foie, dans les pâles couleurs. On en prépare un sirop & un extrait ; le premier est employé dans les mêmes cas que le suc ; le second échauffe & ne vaut pas le premier ; son eau distillée ne diffère en rien de celle des rivières, des fontaines. La dose du suc est depuis deux jusqu’à quatre onces pour les hommes, & depuis six jusqu’à huit pour les animaux. Si on s’en sert pour ces derniers en infusion, la dose est de deux poignées sur deux livres d’eau.


FUMIER. (Voyez Alterner, Amendement, Engrais.) Par le mot strict de Fumier, on entend la paille qui a servi de litière aux chevaux, aux bœufs, aux vaches, aux brebis, &c. qui est mêlée avec leur fiente, imbibée de leur urine, & dont on se sert pour fertiliser les terres. Quelques écrivains tirent du mot Fumée l’origine de Fumier, parce que ce dernier, étant amoncelé, fume, & que les engrais, proprement dit, ne fument pas ; tels sont les chaux, les marnes, les mélanges de terre, &c. ; quoiqu’il en soit de cette distinction, j’appellerai en général engrais & fumier, toute substance susceptible de fertiliser la terre, soit en divisant ses molécules comme le sable dans l’argile, ou l’argile avec le sable, pour lui donner du corps, soit en fournissant une certaine quantité de sel, telles sont la marne, la chaux, la craie, &c. ; soit en rendant à la terre la vraie & seule terre végétale ou humus, qui a déjà servi à la charpente des plantes & des animaux ; soit enfin toutes les substances oléagineuses, graisseuses, & animales, qui s’unissent à l’eau par l’intermède des sels, & dans cette union contractent la véritable qualité savonneuse d’où résulte la sève, la belle végétation, &c. ou qui détruit l’organisation des germes dans la terre, des plantes lorsqu’elles végètent, lorsqu’un des principes constituans, la sève, domine sur les autres en trop grande abondance. Ces assertions sont développées très au long aux mots cités ci-dessus.