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cissemens, on peut consulter l’Ouvrage de M. Inthiery, publié originairement en Italien, & traduit en François ; ce qui est dit dans le recueil intitulé : Économie rurale, publié par la société de Berne ; les mémoires de MM. Alstroem, Hesselius, Stridberg dans les volumes de l’Académie des Sciences de Suède, &c.

Quant au lavage des grains, il est inutile d’y revenir, M. Bucquet en a décrit l’opération. Ceux qui ont à leur disposition une fontaine, un ruisseau, doivent s’en servir de préférence, l’opération va plus vite & est plus sûre. Le grand point est de remuer & froisser vivement les grains les uns contre les autres, & le courant de l’eau entraîne le noir & les œufs des insectes.

Section IV.

De la conservation des Grains par la soustraction de l’impression de l’air extérieur.

L’air extérieur, ou plutôt les vicissitudes perpétuelles de l’atmosphère, travaillent sans cesse à accélérer la décomposition des corps ; une plaie, quoique légère, est guérie très-difficilement si elle reste exposée à l’air, & tout fruit, tout corps entamés pourrissent. Les alternatives du chaud & du froid, du sec & de l’humide, & leurs effets, la contraction & la dilatation, dérangent l’organisation des corps, peu à peu les décomposent, & les décomposent plus promptement s’ils sont susceptibles de fermentation ; le blé, l’orge, &c. sont particulièrement dans ce cas ; mais ils se conservent sains des siècles entiers si on les soustrait aux impressions de l’air ; cette opération exige des précautions indispensables, sans lesquelles il est impossible de réussir.

Le grain doit être parfaitement sec, & le lieu où l’on se propose de l’enfermer, à l’abri de toute humidité, & incapable d’en contracter par la suite. Si on n’a pas étuvé ou chaufourné le grain de récolte sèche, il convient de l’étendre sur une grande surface bien sèche, & de le laisser ainsi pendant plusieurs jours suer son eau excédente de végétation, exposé à toute l’ardeur du soleil ; chaque soir on le rassemble en un gros monceau, & on le recouvre avec des toiles, afin qu’il ne soit pas pénétré par la fraîcheur de la nuit ; le lendemain on l’étend de nouveau, & ainsi de suite.

Les Indiens sans cesse en guerre, ou presque toujours vexés ou pillés par leurs Nababs, cherchent des terrains naturellement secs, y pratiquent de grandes fosses, les remplissent de riz ou de maïs, & les recouvrent de terre ; quelques-uns placent entre la terre & le grain des planches, afin d’éviter le mélange ; leurs grains se conservent très-long-temps de cette manière, & sont soustraits aux déprédations.

Sans aller chercher des exemples chez les nations éloignées, on voit les Polonois agir comme les Indiens en temps de guerre, ouvrir des fosses profondes, les entourer de paille de tous les côtés ; y enfouir leurs grains, & les recouvrir de deux ou trois pieds de terre.

En 1707 on découvrit dans la citadelle de Metz un magasin de grains qui y avoient été placés en 1528 ; le pain qu’on en fit fut trouvé très-bon, & en 1744 le Roi & la