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tance ne réunit plus d’avantages.

On ne doit jamais porter du blé dans un grenier, sans auparavant en avoir balayé exactement le sol mais encore tous les murs & les plafonds. L’effet du balai est de détacher du mur les chrysalides & les insectes qui peuvent y être attachés. Le paysan, toujours négligent, laisse les ordures dans un coin, & le propriétaire soigneux pour la conservation de ses grains, les fait jeter dans le feu en sa présence. On ne doit jamais perdre de vue que plus le grain aura resté long-temps dans sa balle au gerbier, & mieux il se conservera dans le grenier.

Section II.

De la conservation des Blés par l’intermède de l’air.

On a vu, à l’article Charançon, que cet insecte craint singulièrement l’effet du froid ; que lui & la fausse teigne ne pondent pas lorsque la chaleur n’approche pas du dixième degré du thermomètre de M. de Réaumur. Il est donc avantageux & possible d’arrêter les progrès de leur multiplication en établissant un grand courant d’air. C’est par cette raison que nous avons dit dans la section précédente, que les larmiers, ou petites fenêtres, devoient être placées près des carreaux ; qu’elles devoient être multipliées suivant toutes les directions des vents, afin de pouvoir les ouvrir & les fermer à volonté, selon le vent qui règne, ou quand l’atmosphère est trop humide. Ces fenêtres basses & rez-terre n’empêchent pas la liberté d’en pratiquer de supérieures ; cependant elles deviennent assez inutiles.

Le courant d’air qui passe sur le tas de blé augmente l’évaporation de son humidité intérieure, en circulant autour de chaque grain, & cette évaporation entretient la fraîcheur. On dira : L’air du grenier, toutes les fenêtres ouvertes, est au même degré de chaleur que celui de l’atmosphère, par conséquent l’air qui vient de dehors ne sera pas plus froid que celui du grenier. Le raisonnement est vrai, tant que l’air & la chaleur sont en équilibre ; mais dès que le courant d’air s’établit, l’équilibre est rompu & le froid commence. Présentez la main ou l’œil au trou d’une serrure, vous éprouverez ou sur l’un ou sur l’autre un froid qui seroit insensible si la porte fût restée ouverte ; cependant le degré de chaleur de la chanbre voisine est le même que celui de la chambre où l’on se trouve. Ce courant d’air produit l’évaporation sur ma main ou sur mon œil, dès-lors plus de fraîcheur. Lorsqu’on a la migraine, &c. on se frotte le front avec une eau spiritueuse, avec de l’éther, (voyez ce mot) & si on fait souffler sur la place imbibée par la liqueur, on ressent un très-grand frais. Que d’exemples semblables il seroit facile de citer ! Admettons donc, comme un fait géométriquement démontré, qu’un courant d’air rend plus frais tous les corps qu’il environne. Dès-lors, on doit voir comment le monceau de blé se rafraîchit, par exemple, dans le vent du nord, lorsqu’on ouvre les fenêtres de ce côté, ainsi que celles du midi ; ces dernières font attraction, &c.

Rien de plus facile encore que d’établir à ces fenêtres basses des tuyaux de fer blanc qui répondront