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sous clef elle ait de sept à huit pieds, la hauteur est suffisante ; cependant cette hauteur doit varier suivant la portée des voûtes, non en longueur, mais en largeur. Voilà pour la distribution générale.

Je n’établirois pas de grandes fenêtres, je ne les multiplierois pas ; je me contenterois d’ouvrir des larmiers de trois en trois pieds sur tout le pourtour du grenier. Ces larmiers, d’un pied au plus de hauteur & de largeur, seroient garnis, en dehors du bâtiment, d’une grille de fil de fer, à mailles assez serrées pour empêcher l’entrée des souris dans l’intérieur du bâtiment ; ils seroient fermés par un châssis recouvert de canevas sur lequel battroit & se reposeroit un contrevent en bois ; enfin, je placerois ces petites fenêtres au niveau du carrelage du grenier.

Je suis assuré par ces moyens bien simples, 1°. d’empêcher l’entrée des charançons, des fausses teignes, parce que le canevas s’y oppose. J’ai vu, non pas une fois, mais vingt, ces insectes accourir des champs dans le grenier & chercher à s’insinuer du dehors au dedans, à travers les fils du canevas, ce qu’ils sont sans peine, lorsque ces fils sont trop espacés. Il faut donc un canevas assez serré & cependant pas trop afin que l’air puisse s’introduire dans le grenier ; la toile est trop serrée & ne vaut rien pour cet objet.

Si mes facultés ne me permettent pas d’établir de pareils greniers dans la métairie que j’habite, ou que j’achète, je commencerai par visiter si le carrelage de ceux qui y existent est en état, si dans les gros de mur les rats, les souris n’ont pas pratiqué des entrées ; elles sont communément au niveau des planchers, ou entre les murs & les solives. Un rang de carreaux placés de champ tout autour du grenier & bien liés avec du plâtre, ou du mortier, devient une bonne défense. Si la paroi des murs intérieurs n’est pas bien recrépie, elle sera repiquée de nouveau, & de nouveau recrépie avec du plâtre & du mortier, & tellement lissée qu’il n’y reste plus aucune fente, aucune gerçure capable de servir de retraite aux insectes. La même opération aura lieu pour le plancher supérieur ou toit du grenier, c’est-à-dire, qu’avec des lattes, du plâtre, ou avec du mortier, on fera une espèce de plafond. Comme le mortier fait avec la chaux a le défaut de se gercer, de se fendre, de se crevasser, il convient de l’unir avec de la bourre, ou poils de bœufs, de vaches ; de gâcher le tout ensemble pendant long-temps, & chaque jour, lorsqu’il est mis en place, de le lisser fortement jusqu’à ce qu’il soit sec ; de cette manière, le mortier ne se crevassera jamais. Si le local ne permet pas de se procurer de bonne chaux, du sable convenable, & si l’achat des planches n’est pas trop dispendieux, il faudra s’en servir, les faire unir & polir à la varlope, & les langueter. On n’emploiera que des planches très-sèches, afin qu’elles ayent pris retraite & qu’elles ne se fendent pas par l’effet de la chaleur. Ce n’est pas tout : il est encore essentiel de coller sur toutes les jointures des planches les unes avec les autres, des bandes de toile, afin de ne laisser aucune retraite ouverte aux fausses teignes, ni aux charançons. Heureux le canton où le plâtre est commun, aucune subs-