sement du blé dans nos greniers. Il s’agit actuellement d’examiner par quels moyens on peut prévenir ou remédier à ce dépérissement.
CHAPITRE III.
Des moyens de prévenir les dépérissemens du blé dans le grenier.
On remédie aux dépérissemens 1°. par l’emplacement & la manière de construire les greniers ; 2°. par l’intermède de l’air ; 3°. par celui du feu.
Section Première.
De l’emplacement, & de la manière de construire les greniers.
Il ne s’agit point ici des greniers publics, vulgairement nommés d’abondance, dans lesquels les officiers municipaux rassemblent du grain, afin, dit-on, de prévenir les disettes. Dans les temps que les François étoient tous, ou économistes, ou anti-économistes, les papiers publics ne parloient que de l’utilité ou de l’inutilité de ces greniers, appelés de prévoyance. Ainsi la question a été très-longuement & même trop aigrement discutée pour la renouveler de nouveau ; d’ailleurs, ce seroit s’écarter de notre but. On peut consulter en ce genre les Ouvrages qui ont paru depuis 1760 jusqu’à 1770 : ils sont en grand nombre, ou pour, ou contre, parce que les greniers d’abondance supposent toute l’amplitude du régime prohibitif, & leur suppression, la vraie liberté du commerce. Il s’agit simplement ici des greniers des particuliers.
La coutume est de les placer au haut de la maison, directement sous les tuiles. Malgré les défauts indispensables que cette localité entraîne, elle est cependant à préférer aux greniers situés dans un lieu bas, humide & peu exposé au courant d’air.
Il est impossible qu’un grenier du premier genre ne soit pas exposé aux incursions de ces rats monstrueux par leur grosseur & à celles des souris. Si une fois les charançons y sont entrés, ainsi que les fausses teignes, & l’insecte que je nomme cadelle, il est impossible de les détruire, parce que chaque gerçure des poutres, des chevrons, des solives, des planches, &c. devient une retraite assurée pour ces animaux destructeurs, dont la plus grande vigilance ne peut les en déloger.
Si j’avois à construire un grenier, je m’y prendrois de la manière suivante : Il seroit placé dans un corps de bâtiment isolé, crainte d’incendie, & afin d’avoir un courant d’air par toutes les directions de vents ; suivant mes facultés, il seroit à plusieurs étages & chaque étage seroit voûté & les murs exactement recrépis, comme il sera dit ci-après. Au moyen d’une ouverture pratiquée dans l’épaisseur de chaque voûte & garnie d’un couloir mobile & en planches, il seroit facile de remplir les sacs placés au rez-de-chaussée, à l’aide d’un tourniquet, poulies, &c., on auroit la facilité de monter les sacs pleins au grenier du premier & du second étage. Les voûtes ne doivent pas être fort exhaussées, parce qu’il est prudent de ne pas donner une trop grande épaisseur à un monceau de blé, pourvu que