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& à celle dont il est actuellement question, quoiqu’elles n’aient de commun entr’elles que leur voracité à détruire le grain. J’ignore si dans l’intérieur & dans les provinces du nord du royaume, cette chenille est connue, du moins je ne l’y ai jamais vue, & même actuellement, ne connoissant pas son état d’insecte parfait, je ne puis dire à quel genre on doit la rapporter, ni quel nom lui convient ; je la désigne donc sous le nom de Cadelle, ne pouvant faire mieux jusqu’à ce que les chenilles que j’élève actuellement m’apprennent à quel insecte elles doivent l’existence. Si mes tentatives de cette année sont plus heureuses que celles de la précédente, je représenterai l’animal dans la gravure du mot Insecte, & je rectifierai ce que j’aurai mal vu, quant à présent.

La Figure 40, Planche X, représente la chenille vue en dessus, mais beaucoup grossie à la loupe. La Figure 41 la montre vue en dessous, ou à la renverse, & la Figure 42 désigne la manière dont elle attaque les grains.

Je ne crois pas que le premier œuf soit déposé dans le grain ; semblable à celui de la fausse teigne il s’y insinue. Voici ce que j’ai vu sur du blé nouvellement battu : quinze jours ou trois semaines après la moisson, j’y ai découvert de petites chenilles de trois lignes de longueur sur un quart de ligne d’épaisseur. Leur accroissement est assez rapide, & leur plus forte longueur est de huit lignes sur une ligne d’épaisseur.

Son corps est composé de dix anneaux ; sur le premier anneau sont deux taches brunes, presque de la grandeur du premier anneau, à peine visible dans le premier âge de la chenille, & visibles au second ; deux points noirs sur le second & le troisième anneau se manifestent lorsque la chenille prend sa dernière croissance. Son corps est composé de onze anneaux, en y comprenant celui qui est marqué de deux grandes tâches noires ; dans la réunion de celui-ci, un second sort une petite jambe de la couleur des taches, même plus claire ; il en est ainsi des deux anneaux suivans, de sorte que cette chenille a six pattes, dont trois de chaque côté & près de la tête ; caractère qui a engagé M. de Réaumur à appeler fausses chenilles celles de cette sorte.

La couleur de la tête est semblable à celle des taches, mais un peu plus foncée ; elle est aplatie sur le devant, étroite, & armée de deux dents ou crochets A, forts & durs ; quelques poils environnent la bouche ; on les voit à l’aide d’une forte loupe. La partie postérieure ou le dernier anneau est, à son extrémité, de couleur brune, & armée de deux crochets visibles à l’œil, au moyen desquels la chenille se soutient suspendue lorsque le besoin l’exige. Cet insecte est très-vivace & coriace, on l’écrase difficilement sous le pied par le simple frottement ; je l’ai vu à moitié plongé dans le grain, & l’attaquer indifféremment par tous ses côtes. Malheureusement l’insecte qui produit cette larve doit être bien commun, puisqu’elle l’est beaucoup, & fait de grands dégâts. Il est très-rare de voir cette chenille à l’extérieur des monceaux de blé, excepté dans le temps qu’elle le quitte, qu’elle gravit contre les murs du grenier, sans doute afin