Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1784, tome 5.djvu/181

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
godets qui composent les antennes.
Fig. 34. Une des ailes de dessous, formée par quelques tuyaux, & chargée d’une grande quantité de longs poils.
Fig. 35. Une partie de la membrane de l’aile d’un papillon, à laquelle les plumes sont attachées.
Fig. 36. Plumes & filets qui couvrent les ailes des papillons.
Fig. 37. : Un tas de grains de froment liés ensemble par la soie qu’une fausse teigne a filée. On voit dans le milieu cette fausse teigne qui sort de son tuyau.
Fig. 38. Chenille de fausse teigne.
Fig. 39. Papillon de fausse teigne.

Les orges étoient coupées, disent nos académiciens, lorsqu’ils arrivèrent à Chasseneuil près la Rochefoucauld ; mais les blés étoient encore sur pied. Ils examinèrent à la porte du château une pièce de blé qui devoit être coupée quelques jours après, & ils aperçurent sur différens épis, & à l’aide de la loupe, le commencement du dégât des insectes ; que les chenilles se nourrissoient de la substance du grain ; que d’autres étoient déjà passées à l’état de chrysalide, & n’attendoient que l’instant de se développer en papillon. Dès lors & par plusieurs observations subséquentes, ils se convainquirent que le mal commençoit dans le champ même. Cet apperçu général engagea les académiciens à suivre l’insecte pied à pied dans toutes ses métamorphoses, & sa multiplication.

La petite chenille de la fausse teigne des blés est très-rase & toute blanche, sa tête seule est un peu brune ; elle a seize jambes, dont les huit intermédiaires & membraneuses ne font que de petits boutons. À l’aide d’une forte loupe, le bout de ces mêmes jambes paroît bordé d’une couronne complète de crochets. Le petit papillon que donne cette chenille, est de la seconde classe des phalènes. Il a une trompe & des antennes à filets grainés ; il porte ses ailes parallèles au plan de position ; la couleur des ailes supérieures est communément d’un canelle très-clair ; elles sont quelquefois blanchâtres, & ont du luisant : le côté intérieur des ailes inférieures est bordé d’une frange de poils très-longs. Un des caractères le plus marqué de ce papillon, peut être pris de la figure & de la grandeur des deux barbes entre lesquelles sa trompe est logée ; elles s’élèvent au-dessus de la tête en se recourbant, & se terminent chacune de manière que cette tête paroît porter deux cornes semblables à celles d’un bélier. Les papillons se répandent dans les campagnes, s’y accouplent, & établissent leur postérité sur les épis, même avant leur maturité.

Après avoir considéré les chenilles dans les grains de blés nouvellement recueillis, & les avoir examinées, soit dans l’état de chrysalide, soit dans celui de papillon, nous désirions de voir, disent nos académiciens, comment ces insectes se perpétuent, & nous regardions comme essentiel d’en suivre la propagation. Nous renfermâmes des papillons dans un vase de cristal, au fond duquel il y avoit des grains de froment. Dans le nombre des papillons qui nous tombèrent sous la main, quelques-uns étoient accouplés ; nous tâchâmes de les laisser dans cet état, & de les faire passer dans un vase très-net, où la femelle fécondée eût la facilité de déposer