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Il existe très-peu, dans ces provinces, de fermes, de métairies isolées.

On devroit forcer les propriétaires de ces aires bannales à avoir un ou plusieurs blutoirs semblables à celui représenté Fig. 2, 3 & 4 de la Planche XI, pag. 308 du second volume. Son invention est due à M. le Baron de Knopperf : en 1716 il en présenta le modèle à l’Académie des Sciences de Paris ; depuis cette époque, on l’a perfectionné, & il est resté au point où je l’ai représenté. Avec cette machine je vente, je vanne & je crible dans l’avant-cour de ma métairie qui me sert d’aire, quoiqu’environnée de murs ou d’abris presque de tous les côtés. La première opération est longue & un peu ennuyeuse, parce que la porte de la trémie, Fig. 7 de la même Pl., est dans ce cas trop étroite, pas assez haute, & par conséquent une femme est sans cesse obligée de pousser avec la main ce qui vient de l’aire & que l’on jette dans la trémie. Pour remédier à l’inconvénient que j’ai éprouvé pendant la première & la seconde année, j’ai fait construire une machine en tout semblable, sans la grille supérieure N, Fig. 4, & sans la grille inclinée B, Fig. 3 ; de manière que ce blutoir sert uniquement, dans cette première opération, à séparer les balles & la paille des grains. La partie antérieure de la trémie par où coulent le grain & les ordures, correspond sur le bord du coffre par où le vent sort lorsque l’on tourne la manivelle qui fait mouvoir les ailes. L’ouverture qui facilite la sortie de sa trémie règne sur toute la longueur de celle du coffre, & celle-ci n’a que six pouces de hauteur, de manière que l’intérieur du coffre a cette forme. Au moyen de cette petite correction, le ventage est presqu’aussi accéléré que si on le faisoit en plein air & par un bon vent : une femme remplit la trémie, & un homme tourne la manivelle.

Dans les provinces où l’on bat en grange pendant l’hiver, ce second blutoir me paroît devoir être de la plus grande utilité.

Dans tous les cas possibles, lorsque l’on n’a pas du vent, & qu’on ne peut ni ne veut laisser le grain sur l’aire, il faut, après avoir enlevé avec soin les grosses pailles, le transporter sous des hangars, dans des greniers avec la balle & les débris de paille. Dès qu’il sera à couvert de la pluie, il se conservera autant de temps que l’on désirera ; il y a plus, le grain s’y perfectionnera & se chargera en couleur.

II. Du Vannage. L’opération s’exécute avec un van, instrument d’osier & à deux anses, large de trois pieds environ, sur deux pieds de longueur ; il est courbé en rond par derrière qu’il a un peu relevé, dont le creux diminue insensiblement par devant ; il ressemble à peu près à la partie inférieure d’une coquille d’huître. Cet instrument étoit consacré à Bacchus, & les vignerons s’en servoient à offrir à ce dieu les prémices de la vendange. Il sépare la paille & les ordures du bon grain. Un homme passe une main dans chacune des anses, appuie le van sur son genouil, il remue en même-temps