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penser qu’elle puisse jamais garantir le grain une fois développé, des accidens qui lui surviennent pendant qu’il croît & jusqu’à ce qu’il soit récolté : comment en effet empêcher les dégâts de la grêle, de la pluie, de la sécheresse ? heureusement les cultivateurs sont dans une position moins critique à l’égard des maladies du froment ; ils peuvent, moyennant quelques soins, s’en garantir.

CHAPITRE VIII.

Des maladies proprement dites du Froment en herbe.

Les maladies principales qui attaquent le froment, sont de trois espèces, savoir, le rachitisme, le charbon, & la carie. Il ne s’agit pas, comme dans les accidens dont il vient d’être question, d’une simple altération de la paille, de la maigreur des épis, de la petitesse des grains & de leur germination ; c’est une monstruosité particulière qui annonce la perte du froment avant sa formation ; c’est un épi qui n’est composé que d’une poussière noire & sèche, sur laquelle on diroit que le feu a exercé on action ; enfin, c’est un grain qui conserve jusqu’à la moisson la forme extérieure, mais qui, au lieu de se trouver rempli d’une substance blanche & inodore, ne contient plus qu’une matière pulvérulente, grasse, noirâtre & infecte, une vraie peste des semences.

Pour se convaincre que les maladies du froment résidoient dans la semence, & qu’elles n’étoient pas l’ouvrage de l’atmosphère, du terrain ou d’une des parties constituantes détruites, il suffisoit de remarquer que dans le même champ, sous le même ciel, & parmi plusieurs espèces de froment appartenantes à différens particuliers, il y en avoit la moitié infectée, tandis que d’autres en offroient à peine un épi ; il suffisoit de voir que le dérangement des parties organiques de la plante étoit décidé avant qu’il fût possible de savoir ce qui pouvoit l’avoir occasionné.

Outre les maladies communes au froment, & les différens accidens qui lui arrivent pendant sa végétation, il peut y avoir encore beaucoup d’autres circonstances capables de donner lieu à des états particuliers du grain : on a vu des fromens ayant une apparence saine, se trouver gâtés à leurs extrémités seulement ; on en a vu couverts de petites taches noires, & l’intérieur conserver la blancheur de la farine ; enfin, il y en a qui ont exhalé sur pied une mauvaise odeur, quoiqu’ils n’offrissent aucune marque viciée. Il en est de même des animaux, dont les maladies principales sont connues, mais dont les variations sont infinies : cela ne doit pas nous empêcher de chercher les moyens de prévenir celles dont on a découvert la nature & l’origine.

Une particularité bien digne de remarque, c’est de trouver sur une même tige, non-seulement plusieurs épis dont les uns sont sains & les autres malades, mais encore sur un même épi, des grains rachitiques, des grains cariés, des grains charbonnés, & enfin de bons grains. Nous avons, il est vrai, plusieurs exemples de pareils phénomènes ; car en comparant la tige du blé avec l’arbre, on voit qu’elle ne diffère qu’en ce que les grains, qui sont le fruit du froment, se trouvent rassemblés autour