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cela se remarque en Isle de France, vers St. Denis & ailleurs. C’est pourquoi raisonnablement on se peut esbahir de voir la herce rejettée de beaucoup d’endroits, esquels commodément elle pourroit servir, seulement retenue en peu de contrées ; erreur des plus apparentes en l’agriculture. »

» Encore que le fond ne soit entièrement déchargé de toutes sortes de pierres, la herce ne laissera pas pourtant de jouer, j’entends la coulante, qui facilement passera par-dessus les menues pierres, n’excédant la grosseur d’une noix, ce que la rampante ne pourroit faire par son cours estre en traisnant & arrachant. Et quelque soient des deux herces, outre l’utilité susdite, ce remarquable service s’y trouve, que de mener six fois plus de terre que le soc, objet très-opportun en telle pressée saison des semences, en laquelle les heures & les momens se comptent, pour avec diligence expédier la besogne. Mesmes encore qu’il faille, pour couvrir la semence la herse passe par-dessus deux fois, l’une en long & l’autre en travers, au lieu que le soc fait cela en une seule venue : si ne laisse-t-elle toutes fois d’être d’un plus grand avancement que le soc, ainsi que la pratique le manifeste. »

» Plusieurs, au contraire, tiennent les bleds estre semés ainsi qu’il appartient, quand toutes les rayes laissées ouvertes paroissent évidemment avec grand rehaussement & enfoncement ; à telle cause faisant les lignes de l’ensemmencement fort loin l’une de l’autre, fondés sur ce que les grains ainsi couverts ne craignent tant les eaux de l’hiver qu’autrement logés, lesquelles escoulans au fond du rayon, les bleds demeurent à sauveté èz crestes & costés d’icelui. Mais ce n’est que crépir la muraille qui cheoit de vieillesse, au lieu de la rebastir ; telles sommaires vidanges ne guérissent le mal que les bleds endurent par leurs eaux, pour leur petitesse, incapables de les recevoir ni escouler. C’est seulement par fossés profondément creusés, tenus ouverts ou comblés partie de pierres & recouverts de terre, qu’on épuise les eaux souterraines, & par les rayons faits sur la superficie du champ, celles de la pluye, à l’aide aussi des deux fossés : & toujours demeure cette perte prévenante de l’importun & confus assemblage des grains semés au soc, où tant plus il y a d’intérêt, que plus grande est la distance d’une ligne à l’autre. »

» La crainte des eaux fait qu’en beaucoup d’endroits on dispose le labourage par sillons voûtoyés & rehaussés en rondeur, enfermés entre deux lignes parallèles, larges & profondes, semblables à de petits fossés, selon la pratique de la Beausse & d’ailleurs, aimant mieux se mettre au hazard de mal labourer la terre, que d’exposer leurs bleds à la mercy des extrêmes humidités : sur quoi, sans craindre les priviléges des coustumes, je dirai qu’on se trompe, puisque contre les préceptes de l’art, la terre n’est entrecroissée par la culture, pour la briser ainsi qu’il appartient[1]. La fertilité du terroir de la Beausse (recognue grande par

  1. Olivier de Serres se trompe ici : toute la terre est travaillée. On commence par labourer, en prenant les nouveaux sillons dans le sens contraire de celui des anciens