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Telles sont les heures où M. von-Linné a observé que ces différentes fleurs s’ouvroient & se fermoient à Upsal : il seroit intéressant de connoître, d’examiner attentivement à quelle heure elles s’ouvrent & se ferment dans nos climats. M. Adanson, qui a fait quelques observations sur cet objet, croit qu’il doit se trouver la différence d’une heure entre Paris & la Suède. Elles s’épanouissent de meilleure heure en France, & la chaleur des provinces méridionales les détermine encore plutôt.

L’épanouissement complet de la fleur, ou le temps qu’elle reste totalement ouverte, a été nommé veille, & on distingue dans le règne végétal, comme dans l’animal, le temps de la veille, & celui du sommeil. Vers la fin de la journée, au soleil couchant, on voit les pétales se refermer & se replier sur eux-mêmes dans quelques espèces de plantes. Telles sont les légumineuses, & celles auxquelles on a donné le nom de mi-menses, comme la sensitive. La présence de la lumière directe & de la chaleur est la cause de ce phénomène ; aussi, à peine reparoissent-elles, que les fleurs, excitées par leurs douces influences, déploient toutes leurs beautés : la végétation paroît ralentie durant toute la nuit ; la circulation est moins rapide, la secrétion des humeurs, & sur-tout de l’air déphlogistiqué, moins abondante, la transpiration insensible, qui parfume l’air des exhalaisons odoriférantes y est diminuée & presque suspendue : tout, en un mot, annonce un vrai sommeil. Nous verrons à ce mot, que l’on peut dire que non-seulement les fleurs, mais même toute la plante, éprouvent cet état de repos.

Section V.

Végétation de la Fleur, & ses produits.

Les sucs les plus épurés de la plante servent à la formation & à la nourriture de la fleur. Cet organe destiné à l’acte le plus grand de la nature, doit être aussi le plus parfait ; cependant l’observation microscopique, représente les pétales semblables aux feuilles, aux glandes corticales près ; (voy. le mot Corolle) seulement les parties qui concourent à leur formation, paroissent plus fines & plus délicates. La destination de la fleur est-elle donc la même que celle des feuilles ? oui, si nous ne considérons que leurs enveloppes : aspirer l’air extérieur, commencer sa décomposition, & transpirer les molécules spiritueuses & aériennes, que le mouvement de la sève & l’acte de la végétation chassent continuellement, telle est leur destination, & leur vie est la même que celle des feuilles ; mais si nous réfléchissons sur les vues de la nature dans le jeu des pistils & des étamines ; nous verrons bientôt que tout a été disposé pour remplir cet objet ; la position des étamines par rapport au pistil ; le pistil reposant au-dessus du germe ; le germe lui-même disposé de façon, qu’il peut recevoir l’impression nécessaire à son développement & à son accroissement ; nous ne pouvons nous empêcher d’admirer l’auteur de la nature, dont la sagesse & la grandeur s’annoncent même dans les plus petits détails.

Il est difficile de considérer longtemps une fleur, sans être frappé de l’odeur agréable qu’elle exhale, & après avoir parcouru sa forme, son