plante exposée au soleil, laissoient échapper une certaine quantité d’air déphlogistiqué, & qu’à l’ombre, ou lorsque les feuilles commençoient à se gâter, c’étoit de l’air fixe qui transpiroit. En général, les grandes feuilles donnent un air plus pur & meilleur que les petites & les nouvelles. Rien n’est plus amusant & plus curieux de voir comment cet air sort de la feuille, tantôt en petites bulles rondes, tantôt en vessies irrégulières ; mais il faut bien remarquer qu’en général c’est la surface inférieure de la plante qui paroît chargée de l’utile emploi de la transpiration, & les conduits excrétoires doivent y être placés en grande partie.
La troisième substance sont les sucs propres, comme les gommes, les résines, l’esprit recteur, le sucre, &c. Les feuilles sont chargées à leurs surfaces extérieures de petites glandes, (voyez ce mot) qui sont spécialement destinées à cette sécrétion. Toutes les plantes ne paroissent pas fournir abondamment ces différens sucs, & l’on ne trouve que sur quelques-unes de la gomme, ou de la résine, ou du sucre. Il ne faut pas s’en rapporter aux yeux seuls ; ils sont ici des juges infidèles, & si l’on concluoit que les feuilles ne donnent point de l’eau, parce qu’on n’en voit point sur leur surface, on se tromperoit. Il est un juge plus sûr & plus exact, que l’on peut appeler en témoignage ; le tact, & sur-tout celui du palais. Mettez dans la bouche différentes espèces de feuilles, gardez-les quelque temps sans les mâcher, & vous vous appercevrez bientôt qu’elles développeront une saveur différente les unes des autres, amères, douces, sucrées, astringentes, acides, &c. Elles ne sont dues qu’aux molécules de gommes, de sucre, &c., que la salive dissout.
Voilà donc la feuille chargée, pour ainsi dire, d’entretenir la vie de toute la plante ; elle pompe, élabore & sépare une partie de la nourriture. Un mouvement vital, & qui nous est encore inconnu, agit en elle, & opère tous ces phénomènes. Utile dès le moment qu’elle se développe, les services qu’elle rend ne font qu’augmenter à mesure qu’elle atteint son âge de perfection ; mais en qualité d’être animée chaque instant de sa vie est un pas vers le tombeau.
§. IV. Mort, chute & utilité de la feuille. À mesure que les sucs nourriciers pénètrent la feuille, ils la remplissent de parties qui l’entretiennent en même temps que cette feuille nourrit la plante qui la porte ; cette action même semble hâter sa mort. C’est en vain que les fibres ligneuses qui forment le pétiole, ses nervures & ses différens réseaux semblent faire corps avec les branches & les tiges d’où elles partent ; bientôt ces mêmes vaisseaux s’obstruent par les sucs qui se déposent & s’épaississent dans leurs circulations. Dès l’instant que cette espèce d’incrustation vient à engorger ces fibres, la circulation cesse dans la feuille, & avec la circulation, le mouvement vital. Cependant la transpiration insensible ne cesse de dépouiller les vaisseaux & le parenchyme de l’humidité & des autres principes, & la réparation n’est pas en raison de la déperdition. Les sucs privés de l’eau végétale nécessaire à leur dissolution, s’épaississent, fermentent, réagissent les uns contre les autres, & altèrent par cette réaction le parenchyme qui les contenoit. Cette altération s’an-