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M. Bonnet, portent M. Desaussure à croire que les glandes corticales sont des vaisseaux absorbans ; & en effet, les plantes herbacées pompent autant d’humidité par la surface supérieure, que par la surface inférieure de leurs feuilles, tandis que les arbres & les arbustes en pompent incomparablement plus par la surface inférieure que par l’autre ; or, on remarque que presque toutes les plantes herbacées ont des glandes corticales dans l’une & l’autre surface, moins à la vérité dans la surface supérieure, au-lieu que les arbres & les arbustes n’en ont jamais que dans la surface inférieure. Il paroîtroit donc, d’après cela, que le degré d’aptitude à pomper les sucs dans les surfaces des feuilles, est en raison de la quantité de glandes corticales.

Il paroît encore certain que les glandes corticales & les vaisseaux qui les entourent ont une communication avec les vaisseaux ou les utricules du parenchyme, & que, par conséquent, les sucs qu’elles absorbent ou qu’elles laissent échapper, sont portés en partie au parenchyme, ou fournis en partie par lui. Mais avant que d’exposer les raisons en faveur de ce sentiment, il faut bien connoître auparavant le réseau parenchymateux & le parenchyme lui-même.

§. III. Des Nervures & du Réseau parenchymateux. Si l’on considère le point où la feuille tient au pétiole ou à sa queue, l’on remarque facilement que tous les vaisseaux qui le composoient s’épanouissent en divers sens, à peu près comme les branches d’un éventail. Ces vaisseaux, qui ne sont recouverts que par l’écorce, excèdent ordinairement l’épaisseur du parenchyme sous la forme de gros filets. Ce sont ces filets, ou pour mieux dire, ces vaisseaux, auxquels on a donné le nom de nervures. Ces nervures ne se distribuent pas d’une manière égale dans les feuilles de toutes les plantes. Dans les feuilles ovales & entières, comme celles du jujubier, il part de la queue trois nervures principales, qui s’étendent presque jusqu’à la pointe de la feuille ; dans d’autres, elles sont en plus grand nombre, comme dans les feuilles du cornouiller, du plantain, &c. Le plus ordinairement il n’y a qu’une seule grosse nervure principale, qui traverse le milieu de la feuille, & de laquelle se détachent, à droite & à gauche, les autres principales, comme dans le rosier, le chêne, &c. Souvent ces nervures se subdivisent en d’autres de la seconde classe, plus petites, qui donnent naissance à d’autres plus petites encore. Enfin, il arrive que les nervures principales se prolongent jusqu’au limbe de la feuille, & là, tantôt elles se replient sur elles-mêmes, & forment de nouvelles ramifications le long des bords, & tantôt elles sortent en dehors de la feuille, sous la forme d’épine. Il seroit trop long d’entreprendre de détailler ici toutes les variétés qu’offrent les nervures ; constantes dans chaque plante, elles varient comme les espèces, & sont multipliées comme elles.

Les nervures, ces gros filets, ne sont autre chose que des vaisseaux séveux, propres & aériens. Pour s’en convaincre, il suffit de rompre une feuille, & l’on verra ces vaisseaux dégorger tantôt une lymphe pure & transparente, qui est la sève, tantôt une matière colorée, qui n’est autre chose que le suc propre à l’arbre ;