corps à un autre. Ce passage entraîne des changemens considérables dans le corps qui le reçoit, ou qui en est dépouillé. Le phlogistique pur & isolé n’est ni la lumière ni la chaleur ; mais par son union avec l’air pur, que ce chimiste suédois nomme air du feu, comme étant le seul propre à son existence, le phlogistique forme la matière de la lumière & de la chaleur, en raison des proportions dans lesquelles il se trouve : cet élément a une telle tendance à la combinaison, qu’on ne peut jamais l’obtenir seul, car il n’abandonne point un corps, quelque foiblement qu’il y adhère, S’il n’en trouve pas un autre avec lequel il puisse être en contact immédiat.
Nous n’entrerons pas dans de, plus grands détails sur cet ingénieux système, qu’un très-grand nombre d’expériences semblent confirmer, & nous renvoyons à l’ouvrage cité, où il est entièrement développé ; il nous suffira de considérer le feu comme un mixte composé du phlogistique, ou principe inflammable élémentaire & de l’air pur ou déphlogistiqué. Ces notions pourront nous conduire facilement à l’explication des différens phénomènes que le feu, c’est-à-dire, que ces deux principes réunis & mis en action nous offrent tous les jours. Ces phénomènes consistent dans ses propriétés, dans ses effets, & les moyens de le produire & de l’entretenir ; nous allons les parcourir rapidement, & nous terminerons tout ce que nous avons à dire sur le feu par l’explication de ces apparences lumineuses connues sous le nom de feux follets.
S. II. Propriétés & effets de Feu.
Puisque le feu, d’après ce que nous venons de dire, est un mixte, un agrégat de matière, il doit avoir plusieurs propriétés de la matière ; mais comme il semble n’exister qu’au moment de cette réunion, il est, très-difficile de les saisir. Son étendue se connoît par l’espace qu’il occupe dans la plupart des corps dans lesquels ils se développe ; & elle paroit d’une maniére sensible dans la dilatation qu’éprouvent alors les solides comme les liquides.
Sa divisibilité se manifeste par la tendance qu’il a à se distribuer dans toutes les substances qui sont en contact avec lui. Il agit comme les fluides, en cherchant, pour ainsi dire, à se mettre toujours en équilibre.
Nous ne dirons rien de son impénétrabilité & de son élasticité.
Pour ce qui regarde sa pesanteur, il est certain qu’il en a une, & que son action augmente celle de certains corps sur lesquels il agit ; c’est ainsi que cent livres de plomb calciné, fournissent cent dix livres de minium, & que presque tous les métaux calcinés augmentent de poids. Non-seulement le feu est fluide, mais il paroît, jusqu’à un certain point, cause de la fluidité des autres corps ; car la plupart des substances qu’il a attaquées vivement, sont, ou réduites en cendres, ou fondues, & dans cet état elles coulent comme les fluides : tels sont les métaux fondus.
Sous quelque point de vue que l’on considère le feu, son action se communique d’une substance à une autre, & dans les trois systèmes la raison en est la même. Si l’on approche