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y est plus apparent ; détachez les pétales & les étamines, afin d’isoler absolument le pistil ; si vous le considérez attentivement, vous remarquerez qu’il est surmonté d’un corps de forme triangulaire dans le lis, qui ressemble à la loupe un morceau d’éponge. Cependant ce stigmate renferme une ouverture, tantôt triangulaire, tantôt ronde, tantôt linéaire. Enfoncez au milieu une épingle & vous verrez bientôt l’ouverture se développer sous vos yeux, & vous offrir l’évasement d’un entonnoir. Si l’on coupe longitudinalement le pistil, on peut suivre cette ouverture depuis son orifice jusqu’à l’autre extrémité du pistil, & l’on peut remarquer qu’elle porte sur l’embryon placé dans l’ovaire.

Lorsque le pistil est trop petit, il est très-difficile de découvrir & l’ouverture & la cavité intérieure. Il est cependant de fait que quelques pistils, même assez gros, ne paroissent point tubulés, comme l’a très-bien observé M. Adanson. Sans doute la nature a imaginé, dans ces cas, un moyen de propager l’action de la poussière fécondante jusqu’au germe ; peut-être encore cette action est-elle analogue à celle par laquelle elle féconde les embryons de certaines plantes indépendamment des étamines. Au mot Pistil, nous ferons observer les variétés que les pistils offrent pour leur forme & leur situation ; nous n’en avons pas besoin ici, il suffit que nous sachions, en général, ce que c’est que la poussière fécondante & le pistil.

§. IV. Divers Systèmes sur la Fécondation végétale.

D’après la connoissance & la description des organes mâles & femelles des plantes, on a imaginé différens systèmes sur la fécondation. On peut, en général, les ranger sous trois classes. Les uns veulent que les embryons préexistent dans l’ovaire ; d’autres, qu’ils résident & appartiennent à la poussière fécondante ; & les troisièmes, enfin, qu’ils n’engendrent dans l’ovaire, par le concours des principes fécondans mâles & femelles. On sent facilement que ces trois systèmes sont nés des trois systèmes principaux discutés pour la fécondation animale.

Dans le premier, on considère l’embryon comme existant tout formé dans l’ovaire de la femelle, mais dans un état d’engourdissement, de sommeil & même de mort ; qui attend, pour vivre, que la liqueur séminale, ou la poussière fécondante du mâle vienne le stimuler, le réveiller, & lui inspirer le souffle de la vie. Ainsi le poulet existe dans l’œuf, indépendamment du mâle ; de même l’embryon, le germe végétal existe dans l’ovaire à la base du pistil, indépendamment des étamines.

C’est tout le contraire dans le second système. Le mâle seul jouit de la faculté productrice, & la femelle n’est que le moule dans lequel le germe se façonne & reçoit les premiers élémens de la vie ; c’est alors la liqueur séminale des mâles, & la poussière fécondante des étamines, qui renferment les individus qui vont naître.

Le troisième système naît de réunion de tous les deux, & le mâle