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avaler. On croit aussitôt avoir la bouche en feu, mais dans le moment on sent une fraîcheur & un parfum très-agréable. On s’en sert comme d’un excellent sédatif, pour arrêter les vomissemens ; dans les mouvemens convulsifs qui accompagnent la dentition des enfans ; dans les coliques, les flatuosités de l’estomac. L’éther est le meilleur remède contre l’empoisonnement causé par des champignons : appliqué sur le front, il calme & dissipe les maux de tête les plus violens. Cette liqueur est singulièrement volatile, & s’évapore malgré les meilleurs bouchons en verre & usés à l’émeri. On doit la tenir dans un lieu très-frais, & le flacon plongé dans un vase rempli d’eau.


ÉTIOLEMENT, s’ÉTIOLER, Botanique. On entend par ce mot une altération qui survient aux plantes, une vraie maladie qui leur fait pousser des tiges longues, effilées, de couleur blanche, & terminées par de petites feuilles maigres, mal-façonnées & d’un vert pâle. Pour avoir une idée précise de cette maladie végétale, on n’a qu’à jeter les yeux sur ces plantes graminées, que l’on rencontre souvent sous les pierres ; elles offrent de grandes tiges maigres & blanches. Le blanchiment des laitues, des chicorées, des céleris, n’est qu’un étiolement factice par lequel on parvient à donner aux plantes une saveur plus douce & plus sucrée. On peut même dire en général, que toutes les plantes que l’on élève dans de très-petits jardins entourés de murs ou de bâtimens très-hauts, s’étiolent jusqu’à un certain point ; puis que nous les voyons pousser beaucoup en hauteur, peu en grosseur ; leur vert est pâle & triste, un certain air de langueur est répandu sur toute la plante, & souvent elle périt avant d’avoir porté du fruit, ou du moins l’avoir conduit jusqu’à maturité. Les plantes que l’on sème trop dru, & les arbres que l’on plante trop près, sont bientôt attaqués de la même maladie. Les tiges s’alongent, & toutes les parties qui ne sont pas frappées directement par la lumière blanchissent.

Les deux principaux phénomènes que l’étiolement offre, ce sont l’alongement excessif de la tige & la blancheur. Quelle en est la cause, & la même concourt-elle à les produire tous les deux ?

Peu de savans, & encore moins de botanistes, se sont occupés de cette maladie des plantes, & avant MM. Bonnet & Duhamel ; à peine soupçonnoit-on que c’en fût une. Le hasard, sans doute, est la cause que l’on en a tiré parti. La saveur douce & sucrée que l’on a trouvée dans les plantes étiolées, a engagé à forcer celles dont le goût austère répugnoit à notre sensualité, à en contracter une autre, au moyen de l’étiolement factice : le procédé que l’on employoit pour en venir à bout, a enfin engagé les savans observateurs que nous venons de citer, à réfléchir sérieusement sur le principe de l’étiolement. Après eux, M. Méese est celui qui s’en est occupé le plus, & il a démontré jusqu’à l’évidence, par ses nombreuses expériences, que la privation de la lumière étoit la cause de l’étiolement, & que l’humidité excessive y contribuoit beaucoup.