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voît les provinces abondantes en étangs moins peuplées que celles qui n’en ont pas, quand même le terrein de celle-ci est inférieur en qualité. La force réelle d’un état consiste dans une nombreuse population ; l’agriculture est l’ame de cette population, l’agriculteur est la partie la plus saine, & les villes uniquement pour lesquelles on conserve des étangs, en sont le fléau qui abâtardit l’espèce, ou le gouffre qui la dévore.

Section II.

Des Étangs, relativement aux Propriétaires.

Je lui demande d’être de bonne foi, de mettre de côté les préjugés de la coutume ; enfin, de calculer avec moi : Ne convenez-vous pas, lui dirai-je, que lorsqu’un étang a été mis à sec, il produit la plus abondante des récoltes ; que souvent on est obligé de semer de l’orge dans la première année, afin d’effriter la terre, & que si, à sa place on avoit semé du froment, il verseroit ? Voilà donc une preuve sans réplique de la richesse du sol. Après une ou deux récoltes, vous convertissez de nouveau ce champ en étang, & il reste tel au moins pendant trois ou quatre années ; mais si, pendant ces quatre années, vous aviez retiré quatre récoltes de froment, ou même simplement de chanvre, de quel côté seroit le bénéfice le plus clair ? La décision tient à un simple calcul bien aisé à faire, & dont je m’occuperai après avoir répondu aux objections les plus spécieuses.

Les étangs font des bas-fonds, par conséquent goutteux, humides, &c. Dès-lors le grain est noyé par l’eau, ou s’il végète, la rouille s’empare de la plante. C’est toujours la faute du propriétaire si le grain souffre, puisque l’empalement facilitait la sortie de l’eau jusqu’à la dernière goutte, facilité augmentée par le grand fossé qui prend depuis la queue de l’étang jusqu’à la tête, c’est-à-dire, jusqu’à la bonde, & par tous les fossés latéraux. L’agitation de l’eau entraîne toujours la terre vers ces fossés par une pente insensible, de manière qu’eux seuls forment des cavités, des gouttières, &c. & le reste du terrein est sur une pente douce. Il est donc impossible que l’eau séjourne, que le grain soit noyé, la plante rouillée, &c. Supposons encore que ces fossés aient été comblés : quel est le propriétaire même de terres sèches, qui, après les avoir semées, ne fait pas donner quelques coups de charrue afin d’établir des sangsues ou gouttières destinées à l’écoulement des eaux pluviales ? Ces deux propriétaires de nature de sol différent, sont dans le même cas, ainsi que tous les propriétaires en général. Le travail de ceux qui billonnent, (voyez le mot Billon) est bien plus considérable. Le pis aller sera de suivre leur exemple.

La culture des grains nécessite à de grandes dépenses ; il faut multiplier le nombre des domestiques, des animaux de labourage, des instrumens aratoires, &c. Je conviens de ces faits, & je suppose même qu’après avoir calculé, le produit des grains, comparé à celui de l’étang, soit inférieur ; mais il faut mettre en ligne de compte, & compter pour beau-