offrir des rudimens de pétales informes, comme dans quelques roses, œillets, &c. on seroit peut-être porté à croire que cette transmutation entre dans le but de la nature, & qu’elle a attribué à l’étamine la fonction de remplacer la pétale, mais on se tromperoit. Ici les yeux induisent en erreur, & l’on a cru faussement, d’après une observation peu réfléchie, que cette métamorphose étoit dans l’ordre des choses. Cette formation de pétales ne vient que d’une surabondance de sucs nourriciers qui, se portant de la tige à la fleur, au lieu d’enfiler les vaisseaux des pétales, enfilent ceux de l’étamine, distendent ses fibres à un point prodigieux, se déposent dans les mailles du réseau cortical, animent la partie parenchymateuse qui se colore comme celle du pétale ; & enfin offrent une apparence de pétale informe ; c’est une vraie monstruosité par excès ; tout l’annonce, couleur, figure, nodosités ; ces prétendus pétales sont traversés par des nervures qui ne sont que les fibres ligneuses du filet de l’étamine ; rarement leur limbe est-il totalement développé ; il est presque toujours resserré, au contraire, par la réunion de ces nervures, dont l’extrémité supporte encore quelquefois l’anthère. Cette espèce d’anevrisme végétal, n’est donc point un changement d’étamine en pétale, & doit bien être distingué des fleurs doubles, comme on peut le voir à ce mot.
§. IV. Étamine considérée comme caractère botanique.
Il étoit difficile d’étudier la botanique, sans être frappé du caractère d’uniformité que les étamines de
certaines plantes sembloient offrir entr’elles, soit pour leur forme, soit pour leur nombre, soit pour leur position ; aussi, plusieurs botanistes en ont-ils tiré les caractères fondamentaux de leur système : les plus fameux cependant, sont Linné, Gleditsch, de Jussieu, & Adanson. On ne sera pas fâché de trouver ici l’idée des systèmes de MM. Gleditsch & Adanson, & nous renvoyons au mot Système, ceux de Linné & de Jussieu, qui y seront développés plus en grand.
M. Gleditsch a pris pour base de son système botanique, la présence, ou l’occultation des fleurs dont les divisions sont la position des étamines ; ce qui lui a fourni sept classes, la première comprend les fleurs apparentes, dont les étamines sont attachées au réceptacle ; la deuxième, celles dont les étamines sont attachées à la corolle ; la troisième, celles dont les étamines sont attachées au calice ; la quatrième, celles dont les étamines sont attachées au pistil ; la cinquième, les fleurs cachées, mais que l’on peut cependant retrouver par le développement ; la sixième, les fleurs invisibles ; & il réunit enfin dans la septième toutes les plantes difficiles à classer.
M. Adanson a trouvé de quoi former cinq systèmes différens d’après la considération des étamines. Le premier est fondé sur leurs situations proche ou loin de l’ovaire sans réceptacle ; sur le réceptacle touchant l’ovaire, le calice ou la corolle ; sur le réceptacle loin de l’ovaire touchant le calice ou la corolle ; sur un disque touchant l’ovaire & la corolle, ou touchant l’ovaire loin de la corolle & du calice, ou touchant l’ovaire