qu’on a nommé plies, à cause de leur figure qui ressemble à celle de ce poisson ; quelquefois le cerveau a paru entièrement dissous en pus & en eau. En plusieurs sujets les veines étoient remplies d’un sang noir, beaucoup avoient le col enflammé ; dans d’autres, l’inflammation s’étoit jetée sur les entrailles, & après la mort on a vu l’une & l’autre de ces parties gangrenées. Les ventricules étoient remplis d’alimens non digérés ; ces alimens étoient si desséchés & si compactes, qu’on ne les divisoit qu’avec beaucoup de peine. Les vaisseaux qui tapissent la membrane des estomacs & des intestins, étoient marqués de taches noirâtres & livides, ce qui indiquoit évidemment la gangrène. En certains sujets le foie & la rate étoient couverts de petites tumeurs si dures qu’on ne pouvoit les écraser, & qu’elles sembloient, au toucher, être des grains de menu sable ; le reste de la substance de ces viscères, étoit, au contraire, si mollasse, qu’on le pénétroit sans peine en le pressant. Quelques cadavres n’ont fourni aucun indice de maladies : le sang qu’on a tiré des animaux étoit d’un rouge clair, & déceloit, en écumant & en fumant, une grande inflammation ; mais lorsqu’il étoit refroidi, on n’y trouvoit plus rien de liquide, tout n’étoit qu’une masse couenneuse qui pouvoit être tranchée comme une gelée.
1°. Le poil de l’animal attaqué de la contagion, se hérisse ou se dresse ; cela ne peut provenir que d’un frisson ; & ce frisson indique, sans pouvoir même s’y tromper, que la circulation languit dans les parties éloignées du cœur : plus ce frisson sera long & violent, & plus aussi la chaleur qui suivra sera vive & consumante.
2°. Ces animaux perdent l’appétit, mais cela ne peut se faire sans que le venin transmis n’ait changé & dépravé les sucs de l’estomac ; car c’est pour l’ordinaire par cette voie que la contagion se transmet, & c’est aussi sur ce viscère qu’elle exerce ses premiers ravages. Ce fait n’a pas besoin d’être prouvé, il porte avec lui l’évidence : plus l’animal sera dégoûté, moins il prendra de nourriture propre à rafraîchir son sang & à ramasser l’âcreté du venin ; plus aussi la chaleur, l’inflammation & ses effets connus hâteront sa destruction.
3°. Les cornes & les oreilles des animaux malades deviennent froides, ainsi que nous l’avons observé ; la raison qu’on en peut rapporter, c’est que les forces du cœur se trouvent trop foibles pour pouvoir pousser le sang & les autres humeurs du centre vers la circonférence.
4°. Nous avons encore donné pour symptômes, l’enflure & la rougeur des yeux, quelquefois même leur couleur jaune, leur enfoncement & des larmes qui en découlent ; de pareils symptômes n’annoncent rien que de très-mauvais : le cerveau doit pour lors se trouver dans un état d’inflammation, les nerfs doivent être aussi nécessairement dans un état de souffrance ; & les humeurs, dissoutes par l’action du venin, ou poussées avec trop de violence, se trouvent avoir pénétré des vaisseaux qui n’étoient pas faits pour elles.
5°. La langue de l’animal est tantôt aride & sèche, tantôt couverte d’une espèce de salive blanchâtre