Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/247

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

même temps que, par son épaisseur, sa dureté ou sa rigidité, il la défend du vent, des pluies, des insectes & des oiseaux qui la dévoreroient.

Une observation ou la considération des enveloppes peut conduire, c’est de remarquer, en général, que tout ce que la nature produit a une fin particulière ; que dès que cette fin est remplie, l’instrument qu’elle a employé périt bientôt après. La fécondation faite, la corolle se fane & tombe, le bouton développé, les écailles se détachent ; la graine mûre, le péricarpe se dessèche & s’entrouvre. C’est ainsi que, par une marche, une succession continuelle, tout renaît, se développe & périt dans le règne végétal, & chaque instant de sa vie est marqué par l’utilité. Heureux l’homme qui en mourant peut dire : chaque instant de ma vie a été utile, mes jours sont pleins, je puis mourir, puisque j’ai rempli toute la tâche dont j’ai été chargé ! M M.


ENVIE, Médecine Rurale. Rien de plus commun que de voir des enfans venir au monde avec des marques sur le visage, ou sur quelque autre partie du corps ; on les connoît sous deux dénominations différentes, d’envies ou taches de naissance. Ce mot envie vient de la, persuasion où sont les femmes que ces marques sont toujours la suite des envies, ou des craintes qu’elles ont eu pendant leur grossesse, ou des impressions vives dont elles ont été affectées, & qu’elles arrivent aux endroits de leurs enfans, qui répondent aux parties où elles ont porté la main pendant leur envie ou leur saisissement.

Il est étonnant que ce sentiment ait été adopté jusqu’ici ; un peu de réflexion auroit éloigné beaucoup de gens instruits d’une pareille opinion : pour les ramener à une cause plus vraisemblable, on n’a qu’à leur prouver qu’il n’y a aucune communication de nerfs entre la mère & l’enfant. Il est donc impossible que les impressions de la mère se transmettent à l’enfant, & quand même elles passeroient, elles ne produiroient jamais la ressemblance des objets qui les a excitées dans la mère.

On ne doit pas croire qu’un enfant porte sur son corps une marque qui ressemble au poil de quelque animal, parce que sa mère en aura eu frayeur, tout comme à quelque fruit, parce qu’elle aura eu envie d’en manger.

Ces taches varient beaucoup, tant par leur couleur que par leur étendue ; les unes sont rouges & ressemblent quelquefois à des framboises, à des cerises, à des fraises ; les autres sont jaunes ; il y en a de brunes & de noires ; d’autres qui sont couvertes d’un poil qui diffère aussi par la couleur & par la longueur ; les unes sont petites, les autres fort grandes : dans les endroits où la peau est velue, elle conserve sa couleur naturelle, mais elle y est plus épaisse, dans ceux, au contraire, où l’on n’observe que la peau altérée dans sa couleur, elle déborde un peu sur le niveau, ce qui forme une tumeur plate.

Les envies qui consistent dans le seul changement de couleur, ont leur siège dans le corps réticulaire de la peau, & celles qui sont avec le poil, l’ont dans les bulbes où les poils sont implantés : c’est de-là