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diminue sa quantité, alors sa présence devient sensible par quantité de phénomènes, dont le premier & le principal est l’attraction & la répulsion des corps légers.

§. II. Précis historique des découvertes sur l’Électricité.

Cette propriété de l’électricité a été reconnue très-anciennement, & l’on n’ignoroit pas que l’ambre jaune ou succin en étoit particulièrement doué. Il paroît que ce fut Thalès qui, cinq cents ans avant J. C, fit le premier cette observation ; Théophraste après lui, ainsi que Pline, Strabon, Dioscoride & Plutarque, parlent de ce phénomène, qu’on avoit encore découvert dans plusieurs autres substances, entr’autres dans le jayet. Cependant, comme il paroissoit que l’ambre jaune, électron en grec, jouissoit de la vertu d’attirer les corps légers plus énergiquement, on le désigna sous le nom d’électrum, d’où vient le mot d’électricité. Il en fut de cette découverte comme d’une infinité d’autres, on la négligea & on n’en tira aucun avantage ; & quoique la nature renouvelât tous les jours les phénomènes qui en dépendoient, il s’écoula plus de deux mille ans avant qu’on songeât à s’en occuper & à chercher s’il n’existoit pas quelqu’autre corps dans la nature qui fût doué d’électricité. Ce fut Gilbert, médecin Anglois, qui, sur la fin du dernier siècle, s’occupa de cet objet, & reconnut la vertu électrique dans un très-grand nombre de corps. Bientôt après, les travaux des Gassendi, Otto de Guericke, Boile, Hauxbée, Gray & Dufay, firent faire à l’électricité des progrès très rapides. On inventa alors plusieurs moyens ingénieux pour rendre cette vertu sensible ; le frottement fut la base de tous. Mais en même temps que l’on imaginoit de frotter les corps dans lesquels on vouloit développer la vertu électrique, on s’aperçut que certains corps se refusoient à ce procédé, tandis qu’ils n’électrisaient très-bien par communication. De-là, on divisa tous les corps électrisables entre corps qui n’électrisent par frottement, ou idio-électriques & corps qui n’électrisent par communication, ou an-électriques.

Le fluide électrique étant un fluide naturel & universellement répandu dans tous les corps, il étoit assez dans l’ordre des loix de la nature qu’il se trouvât accumulé naturellement dans de grands réservoirs ou dans des endroits isolés où on pourroit le reconnoître facilement. La terre & mieux encore la lumière qui occupe tout l’espace, & qui pénètre tous les corps, paroît être le grand réservoir ; & quelques animaux en sont tellement imprégnés, qu’ils offrent des signes évidens d’une électricité permanente & naturelle.

Il ne faut pas croire cependant, que nous distinguions ici deux électricités, la naturelle & l’artificielle. Il n’y a qu’un seul fluide électrique, qui est par tout & en tout, & qui donne plus ou moins de marques de sa présence, lorsqu’il est plus ou moins accumulé ou en action dans les corps.

Le premier phénomène électrique que l’on découvrit, fut donc l’attraction, ou cette propriété par laquelle un corps électrisé en attire un autre ; mais nous verrons plus bas qu’un corps non électrisé qui se porte vers un corps électrisé ou qui