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ment ; un autre signe encore est l’inspection de la jambe ou du canon qui demeure comme suspendu, & qui ne peut se mouvoir que lorsque l’animal range sa croupe.

Traitement. Dans le commencement, les bains d’eau de rivière, lorsqu’on est à portée d’y conduire l’animal sur le champ, sont très nécessaires ; la saignée est pareillement indiquée ; mais, soit que la corde tendineuse dont nous avons parlé précédemment, soit principalement affectée, soit qu’il y ait contusion dans les ligamens antérieurs ou postérieurs de l’articulation, ou dans les ligamens capsulaires, il faut, de toute nécessité, avoir égard à l’état actuel de la partie affectée. Ainsi, lorsque la douleur & la chaleur sont vives, si l’engorgement & le gonflement sont considérables, s’ils sont accompagnés de dureté, les topiques résolutifs seront alors plutôt nuisibles que salutaires ; on doit, au contraire, avoir recours aux émolliens, dans la vue de relâcher, d’amollir les solides, & d’augmenter la fluidité des liqueurs : on emploie les topiques de deux manières ; en fomentation & en cataplasmes. Dans le premier cas, on fait bouillir manne, pariétaire, bouillon blanc dans suffisante quantité d’eau commune, & on bassine quatre fois par jour, avec une éponge, la partie malade, avec la décoction de ces plantes. Dans le second, on prend les feuilles bouillies & réduites en pulpes de ces mêmes plantes, on les fixe sur le mal par un bandage convenable, & on arrose de temps en temps l’appareil avec cette même décoction. L’inflammation, la douleur ayant diminué, & le gonflement étant ramolli, on mêle les résolutifs aux émolliens, en faisant bouillir avec les plantes émollientes quelques herbes aromatiques, telles que l’absinthe, la sauge, l’origan, &c. on agit de même, &, après quelques jours de ce traitement, on supprime en entier les émolliens pour ne se servir que des plantes aromatiques qu’on abandonnera également dans la suite, pour n’employer que des remèdes plus forts & plus capables d’opérer la résolution, tels que les frictions d’eau-de-vie ou d’esprit de vin camphré.

Effort de boulet. (Voyez Entorse) Effort du bas ventre. Ce n’est autre chose qu’une tumeur œdémateuse qui se forme sous le ventre de l’animal, par un épanchement de sérosité dans le tissu cellulaire de cette partie : quant aux causes de cet accident, & au traitement qui lui convient, voyer Œdème sous le ventre M. T.


EFFRITER une terre. C’est l’épuiser, la rendre stérile ; ces mots sont synonymes. Lorsque les salpêtriers, par les lixiviations répétées, ont tiré de la terre tous les sels qu’elle contient, & que l’eau mère est chargée de toutes les parties graisseuses, huileuses & animales, alors la terre est parfaitement effritée, & le lien d’adhésion qui réunissoit les molécules les unes aux autres, est rompu ; enfin, cette terre n’a plus de consistance : on sèmeroit en vain par-dessus des graines quelconques : si elles germent, elles lèveront mal, à moins que cette terre ne s’approprie les principes répandus dans l’atmosphère dont nous avons parlé au mot Amendement, & au